lundi 28 mars 2011

Le pouvoir militaro-industriel contre la démocratie

Je reproduis un excellent texte publié sur Vigile.net

Le pouvoir militaro-industriel contre la démocratie

www.legrandsoir.info
lundi 28

mars 2011


Thierry BRUGVIN - Le ministère de la défense est généralement le ministère de la guerre. Derrière les discours sur la sécurité nationale du pays, ou l’aide à la population d’une nation étrangère, ce sont généralement les intérêts de l’industrie nationale qui sont défendus. Parallèlement à la lutte entre transnationales, se déroule une lutte entre Etats. Il s’agit de conflits déclarés (guerre) ou secrets (tels la guerre froide). Ce qui est en jeu, c’est le nationalisme, c’est à dire la volonté de puissance de Nietzsche [1], au plan psychologique, politique ou économique, des dirigeants politiques, économiques et parfois même des peuples. Il existe différents mécanismes de nature souvent anti-démocratique, voir illégale, que nous allons tenter d’expliquer à présent.

La manipulation mentale renforce la domination sur autrui ou sur la société.

Castoriadis tient un discours radical sur les méthodes de manipulation et de ses acteurs. « il s’agit d’éradiquer, dans l’esprit et l’âme du patient, toute trace d’un penser et d’un vouloir propres (…). Son savoir peut évidemment comprendre aussi une certaine connaissance des processus psychiques profonds, comme l’a montré Bruno Bettelheim dans son analyse (...) du traitement des prisonniers dans les camps nazis : il s’agissait de briser l’image de soi du prisonnier, de démolir ses repères identificatoires. Avant Bettelheim et indépendamment de lui, Orwell avait vu cela clairement et profondément dans 1984 » [2].

Dans le même ordre d’idée, Naomi Klein, dans son livre la Stratégie du Choc (2008) [3], explique que l’armée américaine a mis au point des techniques de tortures fondées sur le choc psychologique, comme l’on montré notamment les procès concernant les détenus Abou Ghraïb en Irak ou de Guantanomo Bay au large de Cuba. Ces méthodes consistent, par exemple, à réveiller les prisonniers en pleine nuit, à les frapper par surprise, à les torturer physiquement et mentalement. Cela va engendrer un état psychologique d’hébétude, de stupeur, d’insécurité, qui conduit alors les individus à être plus fragiles et à accepter plus facilement les suggestions ou injonctions.

Ces techniques s’inspirent des expérimentations techniques de contrôle mental des nazis, des expérimentations du Dr Cameron à l’institut de psychiatrie « Allan Memorial » dans les années 50, puis de la CIA durant les années 60, 70 (MK Ultra), visant au départ à faire avouer de force des prisonniers de guerre grâce à des chocs psychologiques et à des méthodes de régressions mentales. La CIA diffusa ses techniques dans les dictatures d’Amériques du Sud, tel que le Chili, afin de mieux contrôler et terroriser ses populations.

Naomi Klein explique, qu’au Canada, durant les années 50, dans le cadre du Projet Bluebird, au sein de l’institut Allan Memorial, le pavillon psychiatrique de l’Hôpital Royal Victoria, un docteur d’origine écossaise Ewen Cameron avait mis secrètement en place une technique dite de ’confrontation psychique’ du patient (généralement ayant des troubles mentaux), technique basée sur les électrochocs sur le corps, l’internement dans le noir, la soumission aux bruits et aux images entraînant la phobie générale de l’individu. Ewen Cameron croyait avec sa technique détruire les anciennes structures psychologiques du patient pour recréer un ’homme nouveau’, malléable mentalement grâce à son retour brutale à une infantilisation forcée. Les pratiques de Cameron furent dévoilées au cours des années 1970, lors de commissions d’enquêtes sur les services secrets des Etats-Unis. En 1988 un procès a été initié par 8 plaignants contre la CIA et le gouvernement canadien. Linda Macdonald, résidente de Vancouver, a été victime en 1963, des expériences du Dr Cameron. (Weinstein, 1990) [4]. En novembre 1992, le gouvernement canadien accepte de dédommager 8 canadiens, qui se sont partagé la somme de 750 000 $. Un document déclassifié de la CIA daté du 7 janvier 1953 décrit la création expérimentale d’une personnalité multiple chez deux filles de 19 ans. ’Ces sujets ont clairement démontré qu’elles peuvent passer d’un état entièrement éveillé à un profond état H [hypnotique] commandé par téléphone, en recevant de la matière écrite ou par l’utilisation de code, de signal ou de mots, et que le contrôle des hypnotisés peut être passé d’un individu à l’autre sans grande difficulté. Il a été également montré par expérimentation avec ces filles qu’elles peuvent agir comme messagers involontaires pour des buts informatifs’ (CIA,190684) [5].

Un des domaines principaux étudiés par la CIA, crée en 1947, était le contrôle de l’esprit. Officiellement, il s’agissait de faire face à l’essor de techniques similaires par les soviétiques, les chinois et les nord-coréenne. La CIA a lancé son premier programme en 1950 sous le nom d’oiseau Bleu (Bluebird). Le programme MKUltra a officiellement commencé en 1953 et clôturé en 1964. En 1973, informé de futures investigations, le directeur de la CIA du moment, Richard Helms a ordonné la destruction de toutes les archives Mkultra (Helms, 1953) [6]. Néanmoins ils en ont oublié quelques-unes unes, tel un mémorandum, déclassifié, de Hermans, le directeur général de la CIA en 1963, qui explique que le programme Mkultra (Mental Kontrol Ultra) concernait des expériences sur des « concepts impliqués dans la manipulation du comportement s’avèrent être pour beaucoup de gens dans et hors de l’agence [CIA] déplaisants et contraires à l’éthique. Néanmoins, il y a eu des accomplissements majeurs à la fois en recherche et en usage opérationnel. Au cours des dix ans de vie du programme, beaucoup de voies additionnelles au contrôle du comportement humain ont été désignées sous la charte MKULTRA, y compris les radiations, les électrochocs et les substances de harcèlement. Certaines activités soulèvent des questions de légalité implicite dans la charte originale. Une phase finale des tests met en péril les droits et les intérêts des citoyens des USA » (Hermans, 1963) [7]. …

Naomi Klein, considère donc, que le néolibéral américain Milton Friedman s’inspire de ces pratiques. Dans l’introduction de son livre Capitalisme et Liberté, Friedman, préconise un « traitement de choc » pour faire accepter des réformes néolibérales et impopulaires. Seule une crise entière ou imaginaire peut entraîner un changement profond » (Friedman, 1971) [8]. Une crise peut prendre des formes multiples, crise économique, guerre, coup d’Etat, attentat terroriste, catastrophe naturelle ou industrielle…

Les intérêts des entreprises peuvent se cacher derrière les guerres locales et nationales.

Officiellement, le départ pour la guerre contre une nation adverse est toujours légitimé par des mobiles vertueux, de hautes valeurs morales : la défense de la liberté, de la démocratie, de la justice. Mais derrière ces nobles motifs, les véritables motivations sont parfois moins claires.

Les guerres permettent de contrôler économiquement un pays afin de permettre aux entrepreneurs privés d’une nation de s’accaparer les richesses (pétrole, uranium, minerais...) ou humaines du pays, Le Chili aura été terrain d’expérimentation des théories libérales de Milton Friedman consistant à mettre sous tutelle les pays producteurs de matière première (énergie, métaux, nourriture...) afin de garder la maîtrise de l’économie mondiale. Cela supposait de briser les gouvernements et l’économie de ce type de pays [9]. Ce pays, à aussi été l’occasion de mettre en pratique, « la stratégie du choc », imaginé par Milton Friedman et décrit par Naomi Klein.

De 1945 jusqu’en 1989 (la chute du mur de Berlin) la guerre froide a été un des causes importantes des conflits. Une majorité des conflits nationaux (Burkina Faso, Angola, Chili, Bolivie...) étaient renforcés, attisés ou créés par la lutte entre le camp occidental, contre le camp soviétique. Malgré le discours d’indépendance de la France envers les Etats-Unis, notre pays a soutenu régulièrement ce dernier, notamment en favorisant la diffusion de l’arme atomique au camp occidental (Israël, Afrique du Sud durant l’apartheid...) [10].

Le Partage amiable des zones d’influence fait aussi parti des instruments de contrôle. Durant, la guerre froide, un accord tacite entre les Etats-Unis et la France a permis à cette dernière d’exploiter et de contrôler l’Afrique francophone, tandis que les Etats Unis s’octroyaient l’Afrique anglophone et l’Amérique du Sud [11].

Financer chacun des deux camps offre l’opportunité de gagner à tous coups.

Cela peut se faire dans le cadre d’élection politique ou bien durant une guerre en finançant les armes des deux camps, Elf finançait les deux parties en conflit dans la guerre civile angolaise qui opposait depuis 1975 le gouvernement et un mouvement rebelle, l’UNITA [12].

Durant la guerre de sécession, de 1861 à 1865, aux Etats Unis, les banques Rothschild attisa le conflit. Entre 1860 et 1861, leur agent Georges Bickley fit pression en faveur des Etats Confédérés, tandis que deux autres de leurs agents, ’J.P. Morgan’ et d’’August Belmont’, soutenaient les camps opposés, les sudistes.

La banque Rothschild de Londres finança discrètement les Etats du Nord (Les confédérés).. et celle de Paris finança les Etats du Sud. Cependant, après la guerre, en 1862 et 1863, le Président Lincoln, qui avait compris leur manœuvre, refusa, de rembourser les intérêts à la banque Rothschild. En représailles, Lincoln, fut assassiné le 14 avril 1865, par John Wilkes Booth, sur l’ordre des Rothschild.

Le fait d’entretenir la guerre entre deux camps en leur vendant à chacun des armes, pour les diviser et les affaiblir, va permettre au financeur de s’enrichir et d’asseoir son pouvoir, comme l’a fait notamment la France durant la guerre Iran-Irak [13]. Le procédé est classique et peut se résumer ainsi.

- Attiser les conflits discrètement en s’appuyant sur ses propres agents, qui ne révèlent pas pour qui ils travaillent.

- S’enrichir par la vente d’arme

- Passer pour le sauveur vis à vis du camp des vainqueurs et s’en faire un nouvel allié, utile pour ses futurs profits économiques.

La guerre extérieure vers un Etat étranger visent généralement des objectifs géostratégiques

Les guerres ont parfois un motif économique et politique indirect. Lorsque les gains économiques ou politiques directs sont très faibles, alors les opérations humanitaires par les armées sont quasiment inexistantes. De très nombreux conflits et massacres des populations sont commis dans des dizaines de pays, sans même que l’opinion publique mondiale soit informée. Par exemple au Congo-Brazzaville, cette guerre a fait des centaines de milliers de morts et officiellement la France n’était pas présente et les médias n’ont quasiment pas fait part de cette guerre [14].

La France conserve une base militaire au Tchad qui est, lui aussi, situé au cœur de l’Afrique et qui permet d’accéder à de nombreux pays connexes, comme le Soudan (le pétrole du Darfour), le Cameroun (bois), la Centrafrique... En 2008, durant la tentative de coup d’Etat, elle a donc soutenu militairement le dictateur Idriss Déby, afin de conserver notamment cette situation.

S’il n’y a pas de motif économique, il est rare qu’il n’y ait pas un motif politique. Soutenir un pays, c’est aussi s’assurer un allié supplémentaire dans les organisations internationales, son vote à l’Assemblée générale de l’ONU et dans d’autres de ses agences. De plus les guerres et le développement du terrorisme permet aux puissances militaires dominantes (USA, OTAN, France...) de pénétrer des zones et de s’y installer durablement, afin d’y consolider leur influence et leur maîtrise.

Créer une fausse révolte populaire nationale peut permettre de cacher un coup d’Etat par un gouvernement étranger.

En prenant l’aspect d’une rébellion classique, les mercenaires jettent le doute sur la légitimité de tel ou tel gouvernement et introduisent l’idée que le régime est précaire et n’a pas le soutien de toute la population et donc doit être condamné. Cela contraint donc le gouvernement à entrer en conflit et il devient alors l’agresseur aux yeux de la communauté internationale.

De nombreux, putschistes et mercenaires sont financés par un Etat ou une entreprise étrangère, afin de servir leurs intérêts. Ainsi si le coup d’Etat réussit, ces derniers seront proches d’un pouvoir qui servira leurs projets économiques ou politiques. Si le coup d’Etat échoue, compte tenu du fait qu’ils ne sont pas les acteurs de ce coup de force, ils ont peu de chance d’être inquiétés.

Lorsqu’un Etat A ne sert pas ou plus les intérêts des entreprises d’un Etat B, le gouvernement de ce dernier use parfois du coup d’Etat pour placer de nouveaux dirigeants au pouvoir, qui seront plus à même de servir leurs intérêts.

Le plus célèbre dirigeant des escadrons de la mort en Bolivie fut Klaus Barbie avec sa milice los novios de la muerte qui sévit pendant les années 1970. Elle fut financée par la CIA et les narcotrafiquants boliviens et prendra part au coup d’Etat qui installe le gouvernement de Luis Arce-Gomez avec une répression qui fera 25000 disparus [15]. Les Etats Unis firent de même au Chili contre Salvador Allende pour y placer le Général Pinochet. Le 11 sept 1973 au Chili : un coup d’Etat militaire aura été le début de la conquête Etats-uniennes, néo-libérale, impérialiste et militaire, de l’Amérique latine, puis du monde. La CIA a ainsi été l’instigatrice, d’autres coups d’Etats (Argentine, Brésil, Uruguay..) visant à placer au pouvoir des dirigeants d’extrême droite bénéfiques aux intérêts états-uniens [16].

La guerre accroît les dépenses de l’Etat et les profits des entreprises.

Elle permet la prédation des richesses d’un autre Etat, d’une autre région ou d’une autre ethnie. Le génocide des juifs a permis au régime nazi de s’accaparer les richesses des familles déportées. La guerre des Etats-Unis contre l’Irak a accru les bénéfices de l’industrie privée d’armement des Etats-Unis notamment. Le financement des deux camps de la guerre civile par Elf au Congo-Brazzaville, en Angola, a accru les profits de marchands d’armes (tel Falcone) [17].La vente d’arme par la France et les Etats Unis notamment aussi bien à l’Iran qu’à l’Irak, durant leur longue guerre, a permis aux vendeurs d’armes de s’enrichir. De manière générale, l’extension des conflits dans le monde profite aux vendeurs d’armes. Ainsi, la carrière politique de Jacques Chirac a été lancée par le marchand d’armes Marcel Dassault [18].

Les milices privées permettent notamment de faire la guerre par procuration.

Lorsqu’une armée ne veut pas faire la guerre directement, elle peut s’appuyer sur différents moyens. En faisant appel à des milices privées, ou des mercenaires, l’armée officielle ne peut être tenue pour responsable des actes illégaux commis [19]. Les armées privées (appelées ’sous-traitants’ par le Pentagone) représentent 10% des effectifs américains envoyés en Irak. En France, pour les projets liés à la France Afrique, on privatise temporairement des membres de l’armée ou des services secrets, afin de dégager notre pays de ses responsabilités. En louant les services d’armées privées, les états n’auront plus besoin d’entretenir en permanence une armée nationale dont l’utilisation effective n’est que ponctuelle. Avec la croissance de l’insécurité se banalise l’existence de polices et milices privées, pour les résidences ou les quartiers les plus riches. Le développement de l’économie libérale contribue à présenter l’idée d’armées privées comme un moyen de diminuer le coût des armées tout en améliorant leur efficacité. Cela permettra aussi aux grandes multinationales (Total, Shell...) de défendre directement leurs intérêts dans le monde.

Le financement des services secrets s’avère parfois illégal, même dans les Etats de droit.

Les services secrets français et états-uniens notamment, souhaitent souvent disposer de budget plus conséquent. Or, les gouvernements et les parlements ne sont pas toujours disposés à répondre à leur requête. De plus, certaines actions, du fait qu’elles sont classées « secret défense » (de manière légitime ou non) peuvent difficilement être rendues publiques et défendues auprès des parlementaires.

Le secret de la raison d’Etat est la boite de Pandore contre la transparence démocratique. Au-delà du financement des services secrets, les Etats, sous le motif de la raison d’Etat, classent « top secret » certaines affaires. Le fait qu’il faille parfois, pour des raisons de défense nationale invoquer le « secret d’Etat », engendre un biais très préjudiciable dans la transparence de la démocratie. Si au départ, les motifs sont légitimes, ensuite, la pratique se développe et les élus, ou les administrateurs de l’Etat utilisent le motif de la raison d’Etat pour dissimuler des éléments dont leurs citoyens devraient légitimement être informés. En 1989, par exemple, sous les motifs officiels de ne pas inquiéter la population, les français n’ont pas été informés à temps des retombées du nuage radioactif de Tchernobyl. En réalité, on peut supposer que le lobby militaro-industriel du nucléaire n’avait pas intérêt à laisser se développer une psychose autour du danger des centrales nucléaires.

’Retourner’ les opposants ou les assassiner permet aux Etats de briser les contre-pouvoirs.

Une pratique fréquente dans les dictatures, mais qui existe aussi dans les pays dits démocratiques consiste à ’retourner’ les opposants ou à les assassiner. Thomas Sankara, que l’on qualifie parfois de Che africain, était un grand espoir pour un renouveau socialiste en Afrique. Il est officiellement décédé de mort naturelle. Or, il fut assassiné le 15 octobre 1987, de 12 balles, dont deux dans la tête par des hommes au service de Brice Compaoré, son frère adoptif [20]. Les plus importants services secrets mondiaux, les anglais, Mossad (Israël), CIA (Usa), DGSE (France), KGB (Urss) et les services de renseignements du Vatican, étaient présents sur le sol burkinabé, afin de veiller à la bonne marche de leurs intérêts. Ce fut pour des raisons relativement proches qu’au Congo Belge, Patrice Lumumba, a été assassiné, le 17 janvier 1961, afin de briser un mouvement socialiste qui risquait de se propager à toute l’Afrique [21].

Utiliser la dette des Etats donne l’occasion d’opprimer une population (dettes d’oppression).

« Les dettes d’oppression résultent de prêts contractés pour financer des activités humiliantes, agressives criminelles contre la population qui s’est endettée. Il s’agit par exemple de prêts utilisés pour installer de facto, maintenir ou renforcer un régime dictatorial ou répressif, de fonds destinés à l’achat d’armes pour réprimer des soulèvements de l’opposition, de fonds destinés à la construction ou à l’intendance de centre de détention et de tortures ou de camps de concentration, de fonds destinés à la formation ou à l’entretien de corps militaires spécialisés entrainés à ces fins, etc. » [22].

Par exemple en Afrique du Sud à Sharpeville, en 1960, les forces de police ont réprimé une manifestation, ce qui se solda par 69 personnes noires mortes, 400 blessés et 11727 arrestations (Ramos, 2008, 81). L’année de la célèbre répression contre la manifestation étudiante de Soweto en 1976 qui fit 200 morts, le FMI, appuyé par la Grande Bretagne et les Etats-Unis, fit un prêt de 464 millions de $, soit l’équivalent des ses dépenses d’équipement militaire durant cette année la [23].

L’Afrique du Sud, entre 1948 et 1991, a ainsi, mené une politique d’apartheid, c’est-à-dire qu’elle prônait la suprématie de la race blanche et exerçait sa domination et sa répression sur la population non blanche. Entre 1980 et 1993, on a calculé que les bénéfices légués aux entreprises étrangères qui ont commercé avec ce régime, notamment pour réprimer la population, s’élève à 41 milliards de $ [24].

Parfois les banques n’hésitent pas à financer illégalement la répression des populations et le soutien aux dictateurs.

Bien que dès 1973, les Nations Unis aient qualifié l’apartheid, de crime contre l’humanité, la communauté financière a continué à concéder des prêts au gouvernement sud-africain. C’est majoritairement les fonds publiques, mais par l’aide bilatérale qui ont financé l’Afrique du Sud, en 1993, l’Afrique du Sud devaient 90% de ses aides extérieures à long terme à quatre pays : Etats-Unis, la France, l’Allemagne et la Suisse. « Durant toute la période d’apartheid, au moins 30 grandes banques et 230 de moindre envergure furent engagées pour financement du régime » [25]. Cette aide financière était réalisée en parallèle au soutien des Etats-Unis, via la France, à la création de la bombe nucléaire sud africaine.

L’appui des banques fit l’objet de plaintes, notamment à New York, par les victimes de ce régime d’apartheid, en 2002, par l’apartheid Kumlumani Support Group. La plainte portait contre 21 banques et entreprises étrangères. Parmi ces banques on compte Barclay National Bank, Crédit Suisse, Deutsche Bank AG, Ford, J.P Morgan Chase (Bank) et parmi les entreprises BP, Chevron Texaco, Shell, et Total Fina-Elf pour la France. Une autre plainte avait été déposée pour le même motif, dès 1992, par d’autres victimes. Les banques soutiennent souvent les marchands d’armes, les guerres et la dette de guerre. « Les dettes de guerre considérées comme illégitimes dérivent de prêts qui ont financé des plans belliqueux à des fins impérialistes (étendre la domination d’un pays sur un autre par la force) » à des fins d’annexion ou de conquête d’un pays, par le moyen d’opération de guerre [26].

Ce sont autant les raisons politico-idéologiques que les causes économiques et militaires qui peuvent expliquer les dérives des pouvoirs et les inégalités actuelles mondiales. En particulier, le pouvoir politique exercé par les propriétaires des biens économiques (finance et moyens de production), (les capitalistes) domine largement le pouvoir politique des dirigeants des pouvoirs publics. L’on assiste à une confrontation permanente de la gouvernance militaire, mais aussi économique, financière, idéologique, et celle des pouvoirs publics (nationaux et internationaux).

La dimension illégale vient donc renforcer les carences de la gouvernance non-démocratique, mais reste finalement secondaire au plan quantitatif, même si elle semble largement sous-estimée. Un délit, même petit et rare, commis par un élu du peuple devrait faire réagir les citoyens et les médias. Or, bien qu’en France, les élus arborent fièrement l’étendard de la démocratie, de l’Etat de droit, ces types d’exaction sont souvent passés sous silence. Lorsque ce n’est pas le cas, les médias ou l’opinion publique, considèrent alors trop souvent la faute comme vénielle.

***

Thierry Brugvin

sociologue et auteur de plusieurs articles et ouvrages notamment « Les mécanismes illégaux du pouvoir, thebookedition, 2010. »

[1] NIETZSCHE Friedrich, 1976, L’Antéchrist (fragment 6) in Fragments Posthumes, Gallimard.

[2] CASTORIADIS Cornelius, Psychanalyse et politique, Passant n°34 [avril 2001 - mai 2001].

[3] KLEIN Naomi, 2008, La stratégie du choc : La montée d’un capitalisme du désastre, Actes Sud.

[4] WEINSTEIN, H. Psychiatry and the CIA : Victims of Mind Control. Washington, DC : American Psychiatric Press, 1990.

[5] CIA MORIID 190684, pp. 1-4. C’est un document déclassifié de la CIA traitant du contrôle de l’esprit. Pour vérifier la déclaration dans le texte, faites une demande FOIA (Loi de la liberté de l’information) ou, pour un accès gratuit et illimité de ces documents, consultez Black Vault, Government Archive :http://www.bvalphaserver.com/conten... . Aller directement au document CIA cité, pour la page 1 :http://www.blackvault.com/documents... Pour la page 4 : http://www.blackvault.com/documents...

[6] HELMS Richard, 3 avril 1953, Mémorandum au directeur général de la CIA, sur les programmes de recherche extrêmement sensible.http://www.blackvault.com/documents...

[7] HERMANS J. K., Inspecteur Général de la CIA, 26 Juillet 1963, MÉMORANDUM POUR : Directeur de Central Intelligence. http://www.bvalphaserver.com/conten... . Allez directement audocument CIA cité : pour la page 2 :http://www.blackvault.com/documents...

[8] FRIEDMAN Milton, Capitalisme et Liberté, Laffont, (1962),1971.

[9] PETRAS, 2001, p.114, op. cit.

[10] LORENTZ Dominique, Affaires atomiques, Les arènes, 2001.

[11] VERSCHAVE François-Xavier, Noir Chirac, Les arènes, 2003.

[12] GLOBAL WITNESS, 2003, Les Affaires sous la guerre. Armes, pétrole & argent sale en Angola, par Global Witness, Dossier noir n° 18, Agone, 240 p.

[13] VERSCHAVE, 2003, op., cit.

[14] VERSCHAVE, 2001, op., cit.

[15] LEVINE Michaël, KAVANAU Laura, 1996, Blancs comme neige, La drôle de guerre de la cocaïne, Dagorno,.

[16] PETRAS James, VELMEYER Henry, 2001, La face cachée de la mondialisation, L’Impérialisme au XXIe siècle, Parangon, p. 114.

[17] VERSCHAVE François Xavier, 2001, L’envers de la dette, Agone.

[18] VERSCHAVE, 2003, op., cit.

[19] RENOU Xavier, La privatisation de la violence, Dossier noir n° 21, Agone, 2005

[20] AFRIQUE EDUCATION, ’La fin de Sankara’, bimensuel international , juin 2007.

[21] BRAECKMAN Collette, 2002, Lumumba un crime d’Etat, Eden.

[22] RAMOS Laura, « Dette illégitime en fonction de la destination des fonds », in CADTM (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde), Les crimes de la dettes, Syllepse, CADTM, 2008, p.79.

[23] RUDIN Jeff, 2003, “Odious debt revisited” in Jubilee South Journal V1, n°1.

[24] RUDIN Jeff, 2003, Op.Cit.

[25] RAMOS, 2008, p. 82-83, Op. Cit.

[26] RAMOS, 2008, p. 84, Op. Cit.

Source
http://www.legrandsoir.info/Le-pouvoir-militaro-industriel-contre-la-democra (...)

No de billet : 221-11-30-82-1

dimanche 27 mars 2011

La CIA a volé les américains pour financer des guerres???

Reproduction d’un billet publié sur Vigile.net

LA « CRISE DES SAISIES IMMOBILIÈRES »

Ce que personne n’ose vous dire

Comment une fraude s’échelonnant sur plus d’une décennie peut-elle être sanctionnée ? Comment ce gouvernement peut-il continuellement trahir le peuple, mais protéger les banques ?

www.mondialisation.ca
dimanche 7 novembre 2010


par François Marginean

Mondialisation.ca, Le 7 novembre 2010
Les 7 du Québec

Taux de saisies immobilières aux Etats-Unis en décembre 2006 (ordre croissant du gris au rouge)

Les États-Unis sont secoués par ce qui est nommé le « Foreclosure Gate », une fraude financière de proportion épique qui touchent des millions d’Américains et qui se monte à des centaines de milliards de dollars, si ce n’est plus. “Toutes les grandes banques sont impliquées et des centaines de milliers, sinon des millions, de propriétaires menacés d’expulsion sont affectés”. Il existe de nombreux cas connus de familles expulsées de leur maison qui n’étaient aucunement en retard dans le paiement de leur hypothèque. Partout, autant dans les médias traditionnels qu’alternatifs, on ne fait que parler de la falsification des documents d’hypothèques qui serait “la plus récente phase d’un vaste crime contre la population”. Ce n’est pas pas faux, mais ce n’est que la pointe du proverbial iceberg. La falsification des documents d’hypothèques n’est qu’une étape vers l’accomplissement du but principal de la fraude. C’est ce qui sera révélé dans cet article.

L’article “La Maison-Blanche et l’escroquerie hypothécaire”est sans doute celui qui s’est le plus rapproché du coeur de cette histoire. Voici le passage le plus important qui est à retenir :

Avant la crise financière de 2008, les banques ont attiré des millions d’Américains dans des prêts hypothécaires à haut risque, souvent à l’aide de taux d’intérêts « allumeurs » qui augmentent rapidement après un temps défini. Les pyromanes fous de l’argent de Wall Street savaient très bien que les prêts ne pourraient pas être remboursés, mais, comme tous les bâtisseurs de pyramides de Ponzi, ils avaient l’intention d’exploiter le plus longtemps possible l’escroquerie, confiant que, en bout de piste, le gouvernement entrerait dans le jeu pour couvrir leurs pertes.

Cela a résulté en prêts toxiques qui étaient regroupés, transformés en produit financier et vendus, créant une imposante structure de dettes reposant sur des fondations frauduleuses et légalement douteuses — à partir de laquelle les dirigeants des banques et les actionnaires principaux atteignirent des niveaux de richesse personnelle vertigineux.

Lorsque la pyramide de Ponzi s’est effondrée, le gouvernement fédéral a sauvé les banques à hauteur de milliers de milliards de dollars. Conséquemment, les banques nagent maintenant dans l’argent et leurs dirigeants ont fracassé des records de salaires, autant en 2009 qu’en 2010.

Mais, pour des millions de familles américaines, pour qui la maison représente la principale source de richesse, l’impact a été dévastateur. Le supposé « sauvetage des maisons » de l’administration Obama, basé sur la participation volontaire des banques, n’a eu pratiquement aucun effet, résultant dans la modification permanente de moins de 5000 prêts vers la fin du mois de mai.

Le résultat est une crise vaste et qui se développe en cascades. Lors du troisième trimestre, près d’un million de maisons américaines, c’est-à-dire 1 sur 139, ont reçu un avis de saisie, et plus de 100 000 maisons ont été reprises par les banques. Environ 2,5 millions de maisons ont été saisies par les banques depuis décembre 2007. Personne ne sait combien de ces saisies sont le résultat de pratiques de banques illégales et frauduleuses.

C’est tout à fait clair qu’il ne peut y avoir de solution à la crise du logement en dehors d’une lutte contre l’industrie de la finance et ses laquais dans les deux partis politiques. Il faut mener des enquêtes sur les criminels de Wall Street responsables du racket hypothécaire et ils doivent être poursuivis, leurs fortunes mal acquises saisies et leur argent placé dans la création de logements abordables pour les travailleurs.

Presque tout est là, il suffit de connecter les points ensemble et d’en tirer une vue d’ensemble révélant toute l’histoire. Cette fraude et cette crise économique remontent principalement à quelques années alors qu’elle commença à se manifester avec l’éclatement des crédits hypothécaires subprime qui avaient été découpés en morceaux pour entrer dans le marché des produits dérivés que les établissements bancaires, assureurs et autres fonds de pension se sont allègrement revendus en dehors des règles en matière d’immobilier.

Certaines banques (JP Morgan Chase, Bank of America, Wells Fargo) ou sociétés de crédit (Ally, Fannie Mae et Freddie Mac) ont admis avoir présenté aux magistratsqui enquêtaient des documents « parfois incomplets, enregistrés par inadvertance avant que les informations manquantes aient été obtenues », c’est-à-dire falsifiés. (Source)

De nouvelles révélations émergent chaque jour, mais on omet toujours d’expliquer le fond de l’affaire.

Le New York Times a rapporté que des travailleurs en sous-traitance pour les services de prêts chez Citigroup et GMAC étaient parfois si épuisés qu’ils jetaient tout simplement des documents aux rebuts. D’autres employés contractuels chez Goldman Sachs traitaient les dossiers de saisies immobilières si rapidement qu’ils « voyaient à peine ce qu’ils signaient ». (Source)

Un avocat de la Floride a affirmé que l’industrie de la finance est allé jusqu’à engager des coiffeurs, des gens ayant travaillé sur des lignes d’assemblage et des employés de Walmart pour accélérer l’approbation des reprises de finance depuis 2007. Il y a lieu de se poser des questions au niveau de la compétence de ces gens puisqu’ils n’avaient même pas reçu de formation. Dans des dépositions officielles rendues publiques la semaine passée, plusieurs de ces employés ont témoigné qu’ils savaient à peine ce qu’était une hypothèque. Certains ne pouvaient définir le mot “affidavit”. D’autres ne savaient ce qu’était une plainte, ou même ce que signifiait une propriété personnelle. Encore plus troublant, beaucoup ont déclaré avoir été conscients de mentir alors qu’ils signaient des affidavits de reprise de finance et se sont mis d’accord avec les accusations des avocats de la défense en ce qui a trait à la fraude des documents.

Un autre de ces employés a avoué ne passer qu’une seconde pour signer chaque document de reprise de finance. “J’étais un robot signataire”, a déclaré Tam Doan, travaillant pour la Bank of America, dans un département de la Californie du sud. Bien évidemment, il n’avait pas le temps de lire les documents qu’il signait et dans certains cas, il ne comprenait pas du tout ce qu’étaient ces documents sur lesquels il apposait son nom. “Je n’avais aucune idée de ce que je signais”, de dire Doan. “C’est soit que vous étiez là, ou que vous étiez dehors”.

Qu’est-ce que le Foreclosure Gate ?

Pour résumer très rapidement ce Foreclosure Gate – scandale des saisies – de très nombreuses procédures de saisies immobilières aux Etats-Unis viennent de s’avérer complètement illégales. Cela peut sembler peu de chose au départ. Un épiphénomène qui ne concerne pas le reste de l’économie américaine, et encore moins le reste du monde. Mais vous vous rappelez la dernière fois qu’on a entendu parler d’un petit problème prétendument « local » sur le marché immobilier américain ? Oui, les fameux subprime…

Le Foreclosure Gate = 700 milliards de dollars de pertes supplémentaires possibles + 750 milliards de dollars de dommages et intérêts + 60 milliards de dollars d’arriérés de taxe

Que se passe-t-il cette fois ? Eh bien une sombre histoire d’hypothèques, de titrisation et de saisies indues. Pour saisir un bien, et entamer la fameuse foreclosure, il faut une créance et une hypothèque.

Les crédits subprime avaient été accordés à tort et à travers. Entre 2004 et 2007, la folie s’est emparée du marché immobilier américain. Vous avez de ressources plus que limitées ? Vous êtes obligé d’accumuler trois petits boulots pour boucler vos fins de mois ? Qu’importe, on vous fait miroiter une jolie maison préfabriquée qui deviendra votre home sweet home. En deux temps trois mouvements, vous voilà propriétaire du rêve de votre vie. Des millions de prêts hypothécaires sont accordés… et les banques ne sont vraiment pas regardantes.

Puis vient la crise. Les saisies se sont multipliées. Et les équipes des établissements prêteurs étant débordées, certaines procédures de saisies ont même été entamées à tort. Les gens se sont défendus comme des beaux diables, ont pris des avocats. C’est ce que vous feriez, à leur place.

Et les avocats ont soulevé un lièvre, un énorme, colossal, lièvre à 700 milliards de dollars.

Que s’est-il passé ? De la titrisation –il faut dire qu’elle est de tous les mauvais coups. Les prêteurs voulaient pouvoir faire de jolis petits paquets avec les créances pour former des MBS (Mortgage Backed Securities), vous vous souvenez ? Il s’agissait, bien sûr de répartir les risques … Les banquiers se sont fait beaucoup d’argent avec ces produits financiers vendus pour « sûrs » puisqu’ils reposaient sur du concret, des biens immobiliers bien réels.

Pour faciliter cette titrisation, la finance a eu recours à un artifice… qui serait illégal.

L’enregistrement d’hypothèque coûte cher en procédures. Surtout si vous multipliez les transferts de votre hypothèque en l’incluant dans des produits titrisés.

Donc, les grandes banques et les deux principaux organismes de prêts hypothécaires, les inénarrables Freddie Mac et Fannie Mae, ont décidé de créer (en 1997) un organisme leur permettant de s’éviter de longues et coûteuses procédures d’enregistrement.

MERS, un système informatisé permettant l’enregistrement des achats et des ventes d’hypothèques – et de sérieuses économies de frais d’enregistrement était né.

2008, les subprime sonnent le glas de la folie immobilière. Le nombre de procédure de saisies explose littéralement. Les foreclosure sont signées à tour de bras… tant et si bien que le Wall Street Journal révèle que des employés de GMAC Home Mortgage et de la banque JPMorgan ont admis dans leur témoignage avoir chacun signé 10 000 documents par mois. Tout cela sans véritable contrôle et surtout sans aucun respect des règles fixées pour les saisies hypothécaires. (Source : Foreclosure Gate : le nouveau scandale financier qui peut détruire l’économie mondiale)

Bien que cela soit déjà assez choquant, ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Le réel scandale qui doit être clairement expliqué à tous est le suivant. Il était un fait connu depuis au moins 2009 que les banquiers revendaient les mêmes hypothèques à plusieurs reprises, encore et de nouveau. Le scandale est que les “mortgage-backed securities” étaient une fraude qui revendait jusqu’à 20 fois les mêmes hypothèques à différents investisseurs.

En finance, un mortgage-backed security (MBS) ou un titre hypothécaire est une valeur immobilière adossée à des actifs. Il s’agit d’une forme d’asset-backed security. Sa valeur de revente est garantie à la fois par un ensemble de portions d’hypothèques et par les intérêts payés sur ces hypothèques. (Source)

La seule façon que ce coup pouvait fonctionner était de faire en sorte que les hypothèques fassent défaut, dans le but de mettre fin aux demandes des investisseurs à être repayés, alors que l’argent d’extra provenant des ventes artificiellement multipliées va dans les poches des banquiers et financiers. En d’autres mots, les banques ont vendu 1000% de ces “mortgage-backed securities” et avaient ensuite besoin qu’elles s’effondrent, donc ils les ont intentionnellement montées pour qu’elles s’écroulent pour couvrir leurs traces. Alors, du moment où le gouvernement et la banque centrale (privée), la Fed, avaient abaissé les taux d’intérêts pour créer une nouvelle bulle financière en encourageant les Américains à acheter des maisons dont ils n’avaient pas moyen de payer, la crise des subprimes fut engendrée. Il était déjà connu depuis longtemps par le gouvernement américain, alors sous Bush, et du FBI, par exemple, qu’un nombre effarant d’hypothèques frauduleuses avaient été accordées à des gens qui n’avaient pas les moyens suffisant pour se payer une maison dispendieuse. Le gouvernement avait alors décidé de fermer les yeux et jusqu’à ce jour, il protège toujours les banques au lieu de la population.

Ce qui est drôle, c’est qu’apparemment Wall Street était parfaitement au courant de ces malversations en série dès 2007, quand il a fallu afficher des bilans positifs malgré le marasme. Tout simplement parce, miracle du libéralisme, c’est une firme, Clayton Holdings, qui détient le quasi monopole des audits des banques et assurances qui jouaient avec les hypothèques, et qui avait remarqué à l’époque que 28% des prêts étudiés étaient irréguliers. Parmi les 10.200 prêts de Bank of America audités, le cabinet en aurait décelé 30% non conformes aux règles, mais pour Credit Suisse, c’étaient 37% des 56.300 prêts étudiés, 27 et 23% pour JP Morgan et Goldman Sachs, 35% pour Freddie mac. Quant à ceux que Citigroup voulait acheter à ce moment, Clayton en a repéré 42% qui étaient foireux.

Mais pour être complet, il faut encore préciser que Clayton Holding se trouve aujourd’hui au milieu du scandale, soupçonnée d’avoir réalisé des audits d’un laxisme rare dans la profession, ce qui n’est pas peu dire.

Le FBI, apparemment, était lui aussi au courant depuis 2006 –et même peut-être depuis 2004- des petits tracas de procédures auxquels étaient confrontées les banques & Co : il a publié un rapport intitulé « Mortgage fraud report 2006 » (rapport sur la fraude aux emprunts hypothécaires), où il jugeait sévèrement « l’industrie du prêt hypothécaire », surtout, à l’époque, en Californie, en Floride, en Géorgie etc. (Etats forts concernés aujourd’hui par les subprime et les saisies immobilières). En 2006 déjà, le FBI expliquait que 30 à 70% des défauts de paiement sur plus de 3 millions de prêts analysés, étaient liés à des dysfonctionnements dans l’octroi des prêts. (Source)

Que des millions d’Américains ont été volontairement placés en position de perdre leurs maisons était apparemment un petit prix à payer pour leur part du butin. Les reprises de finances ne sont qu’une conséquence limitée de cette fraude et il est important de ne pas se faire tromper en pensant que ceci est le seul crime.

L’État a donné son soutien aux banqueset demande aux organismes de prêts hypothécaires de poursuivre les saisies et cela « sans délai ». Une société dénommée MERS (Mortgage Electronic Registration Systems) mise sur pied à la fin des années 90 par les deux grandes institutions publiques de prêts hypothécaires, Fannie Mae et Freddie Mac, est soupçonnée par certains d’être à l’origine de l’arnaque. Et la société s’est même autorisée à lancer des saisies sans demander l’avis de la justice, y compris lorsqu’il s’agissait d’une obligation légale. Dans certains cas, les abus ont été si flagrants que deux, voire trois employés de banques différentes ont réclamé les clés d’une même maison devant être saisie.

Parmi les pratiques frauduleuses qui ont été mises au jour : des employés de banques et de sous-traitants attestant faussement avoir pris personnellement connaissance de certains dossiers, la contrefaçon de signatures, la falsification de sceaux de notaire et la modification de documents, ainsi que des déclarations de propriété par des banques, sur des maisons sur lesquelles elles n’avaient aucun droit. (Source)

Les médias corporatifs ont reçu leur ordre de marche et de jeter le dossier des reprises de finance aux loups, mais de protéger la fraude originelle des banques. Le seul moyen par lequel la fraude des banquiers de sursouscription peut fonctionner, c’est de délibérément faire s’effondrer le marché immobilier et de verrouiller toutes les propriétés afin de brouiller les pistes. C’est le véritable scandale que les médias corporatifs tentent désespérément de vous empêcher de comprendre.

Il apparaît que plusieurs prêts et hypothèques ont été revendus et apposés en collatéraux à différents investisseurs, deux ou trois fois selon cet article, alors qu’ils n’auraient dû être vendus qu’une seule fois. Les banquiers ont ainsi empoché des milliards en profits pour ensuite se lancer dans une furie de reprises de finance pour brouiller leurs pistes en mettant fin à toutes demandes des investisseurs d’encaissement de profits sur ces hypothèques. Cette histoire de ventes des mêmes d’hypothèques à de nombreux acheteurs différents est confirmée par les professeurs en économie, William Black et L. Randall Wray, qui parlent du cas particulier de Bear Stearns, un des gros joueurs de cette débâcle.

L’administration Obama s’est opposé aux appels à un moratoire sur les saisies immobilières malgré des révélations que les banques ont traité illégalement des documents hypothécaires afin d’accélérer l’expulsion des familles et la saisie de leur maison.

Rien ne pourrait mieux démontrer quels intérêts de classe sert la Maison-Blanche. Les grandes banques ont systématiquement enfreint la loi, persécuté un nombre inconnu de familles, et la réaction de l’administration Obama est de protéger les criminels. (Source)

Le dollar US est mûr pour une dévaluation catastrophique, les banquiers privés le savent et ils cherchent maintenant à sortir du dollar et à mettre la main sur de véritables valeurs.Dylan Ratigan de MSNBC a rapporté que la fraude des reprises de finances immobilières pourrait se chiffrer autour de 45 trillions de dollars ($45 000 000 000 000), ce qui revient à l’équivalent de plus de $135 000 pour chaque Américain vivant, du plus petit nouveau-né au plus vieux retraité. $135 000 plus intérêts parce que le gouvernement américain a emprunté cet argent pour le déverser dans ce gouffre, contre la permission des Américains, les engageant dans une servitude sans fin dans le futur pour rembourser cet argent. Cela est la véritable histoire de ce désastre. Le gouvernement américain a laissé ce gâchis se réaliser, le tout débutant aussi tôt qu’en 1999 alors que la folie immobilière commençait à se développer, conduisant la valeur des maisons à des prix exorbitants et déclenchant la maison-mania qui a alimenté la bulle des titres d’hypothèques (mortgage-backed-securities). Mais les experts à l’intérieur et à l’extérieur du gouvernement savaient qu’il s’agissait d’une bulle financière, savaient qu’elle ne pouvait être soutenue ; et comme ce fut le cas avec Bernie Madoff-le-voleur et British Petroleum, le gouvernement n’a rien fait pour arrêter le désastre. C’est ce que Wall Street a perpétré sur le dos de la population. Washington les a laissé faire, pour ensuite déverser des tonnes d’argent sur Wall Street contre la permission des Américains dans une tentative manquée d’essayer de réparer ce fouillis.

Les banquiers de Wall Street vont empocher cette annéedes revenus et primes records de l’ordre de $144 milliards – deux ans seulement après le début de la crise financière mondiale. Après avoir déclenché une tempête de protestations il y a 12 mois, causée par la distribution de rémunérations records de $138 milliards, les institutions financières américaines ont placé la barre des revenus encore plus haut.

Les prêteurs ont saisi plus de maisons cet été qu’en n’importe quel trimestre depuis le début de l’éclatement du marché immobilier en 2006. Mais plusieurs de ces reprises de finances seront contestées en cour, basé sur des allégations que les banques ont évincé ces propriétaires sans même lire les documents relatifs. Au total, 288 345 propriétés ont été saisies durant la période de juillet à septembre, selon les données publiées par RealtyTrac Inc., un record depuis que la firme a commencé à répertorier ces chiffres en 2005. Les banques ont saisi plus de 816 000 maisons (1 maison sur 139) depuis les 9 premiers mois de l’année et si la tendance se poursuit, elles sont en route vers le 1,2 million de saisies d’ici à la fin de l’année 2010. Le crime est contagieux et là où la loi se termine, la tyrannie commence.

Le directeur de la Fed, Ben Bernanke, a laissé savoir que des régulateurs bancaires de la banque centrale examinent présentement si les compagnies hypothécaires ont coupé les coins dans leurs propres procédures lorsqu’ils ont commencé à saisir les maisons des gens. Cela revient à voir Charlie Manson enquêter sur la mort de l’actrice Sharon Tate en concluant que ce fut un suicide tragique ! Encore une fois, les saisies immobilières ne sont pas le scandale, c’est les “mortgage-backed securities” survendues qui le sont, ce qui a rendu les banquiers instantanément riches et qui a déclenché le tsunami de saisies immobilières dans le but de brouiller leurs pistes. Les saisies frauduleuses ne sont qu’un symptôme, la fraude est la maladie.

Est-ce seulement possible que les banquiers créatifs de la Floride ont découvert qu’ils pouvaient « vendre » les mêmes prêts hypothécaires à plusieurs reprises par commodément fournir une « copie » de la note électronique pour chaque vente subséquente ? En offrant une “bonne” note électronique à chaque acheteur, le vendeur/fournisseur de service ont pu faire monter le stratagème de Ponzi jusqu’au ciel – en utilisant le revenu de chaque vente pour payer les intérêts à chaque nouveau groupe d’investisseurs. Comme il a été dit à propos de l’échec de la First National Bank de Keystone, la gestion cachait une chaîne de Ponzi dans la zone de gestion de prêts depuis des années, trompant les régulateurs et vérificateurs internes. (Source)

Gretchen Morgenson rapportait dans un article du New York Times cette pratique commune qui avait cours en Floride et dans d’autres juridictions de détruire le document hypothécaire physique original lorsqu’une note électronique était créée pour “éviter la confusion”. Plusieurs de ces copies ont été créées et revendues de nombreuses fois.Évidemment, les paiements sur l’hypothèque ne peuvent être appliqués qu’à une de ces copies, ce qui signifie que les autres apparaissent comme faisant défaut de paiement, ce qui déclenche une reprise de finance et l’effondrement des mortgage-backed securities basées sur les copies en extra de l’hypothèque. Donc, même si l’hypothèque d’une maison est remboursée, d’autres investisseurs peuvent penser qu’ils sont eux aussi propriétaires de l’hypothèque de ladite maison qui pour eux apparaît toujours impayée, ce qui effraie les investisseurs.

Les secrétaires à la Justice des 50 États ont déclenché une enquête coordonnée et plusieurs d’entre eux ont appelé à l’imposition d’un moratoire sur les saisies immobilières, qualifiant la falsification des documents de « fraude contre les tribunaux ». (Voir aussi cet article)

Même si l’on devait accepter l’affirmation douteuse des banquiers et de leurs porte-paroles au gouvernement voulant qu’un moratoire détruirait le marché immobilier et précipiterait une autre panique financière — un argument qui les sert bien et qu’ils ne prennent pas la peine de justifier — cela ne ferait que confirmer le caractère rapace et socialement destructeur de l’actuel système économique. Le fait que Wall Street avoue pratiquement que le système de profit dépend de la propagation de l’itinérance et de la misère sociale souligne la nécessité de renverser le système. (Source)

Les escrocs de Wall Street et de Washington DC se sont entendus sur une histoire et notez la priorité affichée : ils ne sont pas inquiets au sujet des Américains, mais bien par la valeur des propriétés qu’ils tiennent pour culte ; c’est la valeur des propriétés qui doit être protégée à tout prix ! Vive l’argent ! L’argent est Dieu ! L’argent est le maître devant qui tout doit ramper et s’abaisser !

Premièrement il y a la paperasserie frauduleuse des saisies illicites contre les propriétaires. Maintenant, la grande histoire provient des investisseurs qui veulent récupérer leur argent et sortir des titres hypothécaires. Déjà des milliards sont demandés en retour de paiement par les investisseurs. La raison pour laquelle les investisseurs demandent le retour de leur argent est que les banquiers ont fait de la survente de ces titres hypothécaires, promettant jusqu’à 20 fois la même hypothèque immobilière à titre de garantie. Bien sûr, comme il a été précédemment dit, le seul moyen que ce système peut fonctionner pour les escrocs est que les maisons soient mises en banqueroute et saisies afin de faire en sorte que les investisseurs cessent de demander où est leur argent.

Les médias corporatifs ne veulent pas que le public comprenne la profondeur de la criminalité au sommet de l’industrie bancaire. Leur objectif est de présenter une facette limitée de cette fraude dans le but de donner l’apparence que seules les saisies immobilières étaient frauduleuses et seulement quelques-unes d’entre elles.

En résumé, voici ce qui s’est passé étape par étape à partir de 1999, après le Congrès ait abrogé le Glass-Steagall Act :

1. Verser de l’argent dans l’immobilier pour déclencher un mouvement à la hausse des prix.

2. Commencer à vendre des prêts hypothécaires à n’importe qui, même à des acheteurs non qualifiés, utilisant les taux alléchants et un crédit d’impôt de $8000 du gouvernement fédéral qui est aussi complice dans cette escroquerie.

3. Regrouper les prêts hypothécaires en « Mortgage-Backed Securities (MBS) » et « obligation adossée à des actifs (CDO) » et les vendre comme étant des investissements.

3a. Regrouper et revendre de nouveau jusqu’à 20 fois les mêmes hypothèques à d’autres investisseurs !

4. Puisqu’il est impossible de repayer les 2000% de MBS et CDO survendus qui ont été vendus, faire intentionnellement s’effondrer le marché du logement au même moment que vos co-conspirateurs dans l’administration fédérale envoient tous les emplois bien rémunérés vers d’autres pays, afin que vous puissiez saisir toutes ces maisons et mettre fin aux pleurnichements de ces satanés investisseurs qui demandent constamment quand ils pourront obtenir leurs profits.

5. Lorsque la fraude est découverte, comme ce fut le cas à partir de mi-2008, renommer ces titres adossés à des hypothèques frauduleuses comme des « actifs toxiques » et faire la demande auprès du Congrès de passer un plan de sauvetage (TARP) et utiliser l’argent des contribuables pour racheter tous les mauvais titres afin de demeurer hors de prison, ce que les acteurs les plus importants tels que Countrywide/BofA, Bear Sterns, Goldman Sachs voudraient bien.

Complicité du gouvernement américain et de la Fed

La plupart des banques américaines sont détenues par des sociétés de portefeuille bancaire (bank holding companies – BHCs). La Réserve fédérale surveille toutes les CSB, que la filiale de la banque soit un État membre, un non-membre de l’État, ou d’une banque nationale. Cette section fournit des informations pour aider à déterminer si et quand elles peuvent être classifiées comme étant des sociétés de portefeuille bancaire.

Propriété des sociétés de portefeuille bancaire par les Banque :

Présentement, environ 84% des banques commerciales aux États-Unis font parties d’une structure de sociétés de portefeuille bancaire. Cependant, relativement peu de ces sociétés de portefeuille bancaire sont formées par ces banques alors que la banque elle-même est dans sa phase d’organisation. En règle générale, la formation d’une société de portefeuille bancaire est faite à un moment donné plus tard dans les opérations de la banque.

Les tableaux suivants illustrent la prévalence de la propriété des banques aux États-Unis par des sociétés de portefeuille bancaire :

* Bank Ownership by BHCs December 1980 to December 2007

* Bank Ownership by BHCs Based on Bank Assets : December 31, 2007

Plus de 75% des banques dont les actifs sont de moins de $100 millions appartiennent à des sociétés de portefeuille bancaires, alors que ce pourcentage augmente à 100% pour les grandes banques de plus de 10 milliards de dollars d’actifs. Environ 60% des banques à propriété minoritaire sont la propriété de sociétés de portefeuille bancaire.

Ainsi donc, la Réserve fédérale supervise toutes les sociétés de portefeuille bancaire, incluant les banques qui ont fait de la survente d’hypothèques en de multiples mortgage-backed securities. Cela signifie que la Fed est impliquée jusqu’au cou dans cette fraude, ce qui explique les 9 trillions de dollars (“empruntés” et à être éventuellement remboursés par les payeurs de taxes) qui ont été dépensés par la Fed pour racheter les papiers bancaires toxiques, sans dire au public où cet argent est allé.

Selon les données de RealtyTrac cité dans un article récent de AP, 24% des ventes immobilières à l’échelle nationale au deuxième trimestre furent des maisons saisies. Au Nevada, s’était 56% des ventes. En Arizona et en Californie, ce fut plus de 40%, et au Rhode Island, Massachusetts, la Floride et le Michigan, le nombre de ventes de maisons saisies s’élève à plus d’un tiers des ventes totales.

Avec certaines compagnies qui ont repoussé les dates de reprises de finance ou qui ont suspendu les saisies purement et simplement, en combinaison avec les acheteurs qui sont de plus en plus méfiants des propriétés saisies – et qui auront plus de difficulté à se trouver une assurance titre – les ventes de logements devraient diminuer de façon significative dans les prochains mois ou deux. Faites le calcul, c’est moche et pas seulement pour les professionnels de l’immobilier.

Pourtant, ceux pour qui cela devrait d’être moche, c’est pour les banques qui ont vendu ces prêts hypothécaires maintes et maintes fois à travers différents titres adossés à des hypothèques, créant ainsi une situation qui a forcé la saisie immobilière massive qui était le seul moyen de dissimuler les preuves de fraude qui pourraient envoyer ces banquiers en prison . Et puisque, comme il était souligné ci-dessus, ces principales banques sont détenues par des sociétés de portefeuille bancaire et que c’est la Réserve fédérale qui est responsable de la surveillance de celles-ci, il devient évident que cette fraude criminelle remonte tout droit à la tête du système.

Qu’est-ce que l’administration Obama compte faire à sujet ? Rien. En fait, la Maison Blanche a décidé qu’elle n’imposerait pas de moratoire temporaire sur les saisies immobilières, malgré un mécontentement grandissant de la population face à cette fraude bancaire. Au lieu de protéger la population, non seulement le gouvernement US a-t-il incité les Américains à s’acheter des maisons en leur offrant des crédits d’impôts, mais après que le scandale ait éclaté, il a décidé de protéger les banques privées et Wall Street. La raison évoquée par un porte-parole de la Maison Blanche : cela pourrait avoir des “conséquences imprévues”.

CNBS a suggéré que le gouvernement US irait possiblement jusqu’à passer une loi qui légaliserait rétroactivement toute la fraude des banques, que les banques seraient protégées, ce qui revient à dire que la fraude sera sanctionnée par les politiciens. Les politiciens ne laisseront pas la stabilité des plus grandes banques de la nation être menacée par des droits contractuels.

Voici ce qui risque de se passer : le Congrès adopte une loi nommée à peu près comme ceci : “La modernisation de la loi sur la stabilité financière de 2010″ qui sera accordée rétroactivement aux prêts hypothécaires, leur octroyant les droits nécessaires dans les hypothèques sous-jacentes dont les gens sont inquiets. Tous les documents frauduleux, les notes de crédit perdues et les intérêts non attribués seront pardonnés par un acte législatif. Si le Congrès passe quelque chose de ce type, cela signifiera alors que l’anarchie est permise ! Cela signifiera que tous les contrats légaux pourront être réécrits en tout temps pour bénéficier à ceux qui sont au pouvoir. Comment peut-on avoir confiance en quelconque contrat légal, si l’État est en mesure de modifier ce contrat dans l’avenir seulement qu’avec l’aide d’une nouvelle législation ?

Comment une fraude s’échelonnant sur plus d’une décennie peut-elle être sanctionnée ? Comment ce gouvernement peut-il continuellement trahir le peuple, mais protéger les banques ?

Barack Obama s’oppose à toute action qui pourrait déranger les banques. Ali Veschi de CNN essaie de vendre l’idée selon laquelle lire attentivement les allégations de fraude massive, autant des saisies immobilières que des surventes de titres originaux adossés à des hypothèques (mortgage-backed securities), ralentirait la “reprise économique”. En d’autres termes, si les Américains ne pardonnent pas Wall Street en plus d’oublier ce viol collectif de la classe moyenne s’étant déroulé au cours des dix dernières années, Wall Street et le gouvernement fédéral les rendront encore plus pauvre. C’est une brutalité du plus bas niveau ; pas mieux qu’un homme qui vole dans un magasin et met en garde le magasinier que s’il se plaint, il reviendra pour dévaliser le magasin de nouveau !

Shuan Donovan s’est prononcé lors d’une allocution pour la Maison Blanche et a déclaré que l’administration se concentre sur l’avenir pour s’assurer que les normes seront respectées, plutôt que de regarder en arrière pour s’assurer que propriétaires et les investisseurs n’ont pas été lésés pendant ces années fastes et sans vergogne pour les banquiers. « Nous n’avons pas trouvé de preuve à ce stade-ci de problèmes systémiques dans les documents juridiques sous-jacents, ou d’autres qui ont été examinés”, a-t-il laissé savoir.

Autrement dit, la Maison Blanche a fait savoir qu’ils mettront fin à la fraude (comme ils ont promis qu’ils mettraient fin aux guerres), mais cela n’aura aucun effet sur les milliers de milliards de dollars en dettes ajoutées sur le dos des gens pour racheter les frauduleux titres adossés à des hypothèques survendues.

C’est comme si un policier se tenant dans votre maison venant d’être pillée vous disait qu’il ne demandera pas aux voleurs de remettre les meubles en place, mais qu’il leur demandera gentiment de ne pas le refaire à nouveau ! C’est à se demander pour qui le flic travaille vraiment.

Dans ce cas, puisque le gouvernement des États-Unis a aidé à appâter des emprunteurs de subprimes dans l’escroquerie à l’aide de ce crédit d’impôt de $8000, le gouvernement a travaillé – et travaille toujours – fermement aux côtés des banquiers criminels.

***

Pour envoyer vos commentaires :

http://les7duquebec.wordpress.com/2010/11/02/la-%C2%AB-crise-des-saisies-immobilieres-%C2%BB-ce-que-personne-nose-vous-dire/

François Marginean : Technicien en Architecture, chercheur indépendant, animateur de radio à l’émission L’Autre Monde sur CHOQ FM de l’UQAM, éditeur du blog Les Nouvelles Internationales et collaborateur chez Les 7 du Québec.

François Marginean est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca. Articles de François Marginean publiés par Mondialisation.ca

Source
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=21807

 

No de billet 911-11-30-62-1

vendredi 25 mars 2011

Le Capitalisme à l’agonie????

Je reproduis un texte tres fort qui est sur Vigile.net

 

IDÉES / SELON L’ESSAYISTE BELGE PAUL JORION, LE CAPITALISME EST À L’AGONIE

« L’économie mondiale approche d’un autre 1789 »

Je travaille aujourd’hui sur la guerre civile numérique.

Paul JORION
www.pauljorion.com
jeudi 24 mars 2011


L’ESSENTIEL

● Après avoir été un des premiers à démonter la machine infernale dessubprime, le Belge Paul Jorion juge que le capitalisme agonise...

● Le coeur de la finance a fondu, dit-il.

● Et il n’est pas nécessaire de manifester dans la rue : la révolte peut prendre des formes plus modernes, via les réseaux sociaux.

Entretien

Le Belge Paul Jorion, celui-là qui avait démonté la mécanique dessubprime avant la crise, a publié cette semaine un nouvel ouvrage incisif (1).

Son constat est dur : le capitalisme est une dysfonction économique. Les capitalistes apportent des capitaux là où on en a besoin mais demande en échange des intérêts, et l’argent, au final, s’accumule dans moins en moins de mains. Mais il faut que les ménages consomment. Donc, on leur octroie du crédit jusqu’au moment où, comme aux Etats- Unis lors de la crise dessubprime, la machine explose.

Le capitalisme a connu bien des crises… Pourquoi celle-ci serait-elle annonciatrice de la fin ?

La différence, c’est la financiarisation de l’économie. En 2007 aux Etats-Unis, 47 % des bénéfices ont été réalisés dans le secteur financier. La finance est devenue à ce point importante qu’elle représente la moitié de l’économie. Or, l’analogie qui me vient avec les événements de ces jours-ci, c’est que le coeur de la finance a fondu. Tout ce qui était au centre du développement de la finance : la titrisation, le développement des produits dérivés, etc. a disparu. Ce coeur s’est effondré, même si, en surface, la coquille est encore là.

D’accord, cette financiarisation a été à l’origine du développement de la finance ces quinze dernières années. Mais ne sommes-nous pas simplement revenus quinze ans en arrière ?

Non. Cet effet de prédation n’est plus possible chez nous, mais il se poursuit ailleurs. La richesse qui existe encore essaie de se placer dans des pays comme la Chine ou l’Inde, et étouffe cette partie de l’économie, car il y a trop d’argent, trop rapidement. Cet argent pompe la richesse de ces pays. Et puis il y a la manière dont on encourage les retraites des Américains. On favorise les bulles. Pour soutenir les marchés boursiers (qui, depuis la chute de l’immobilier, constituent les seules réserves des ménages pour leur retrairetraite) on se met d’accord entre banques d’affaires et autorités pour faire monter les marchés boursiers. On emploie des procédés comme le High Frequency Trading (le fait de passer des milliers d’ordres et de les retirer tout de suite après, en très peu de temps, pour pousser les cours à la hausse, NDLR). On effectue ces manipulations, et un beau jour, cela explose. C’est le mini-krach du 6 mai 2010.

Le capitalisme n’est-il pas assez flexible pour réinventer de nouveaux marchés ?

Maintenant que la titrisation n’est plus là, que la Bourse a chuté d’un tiers, que le marché des produits dérivés a rétréci, cet argent qui est là est trop important. Il y a un trop grand déséquilibre. On se trouve dans des impasses qui sont des contradictions. C’est la « rilance » du ministre français des Finances,Mme Lagarde : oui, il faut faire de la rigueur, et oui, il faut de la relance… Il y a une exacerbation des contradictions. Et ce qui pousse aussi à la destruction, c’est qu’il aurait fallu arrêter un certain type de comportements.

Comme Sarkozy l’avait dit juste après la crise, il fallait redistribuer les profits en trois tiers : un pour les salariés, un pour les investissements, un pour les actionnaires. Mais on s’est rapidement dit qu’un tel partage n’était plus urgent.

Le vernis résiste…

Oui. Mais il y a aujourd’hui débat en France sur les entreprises du CAC 40 qui ont retrouvé leurs résultats d’avant crise mais ne consacre que 2,3 % de ces résultats à des augmentations de salaire, le reste passant en dividende et en rémunération des cadres supérieurs. Cela ne révèle pas une bonne santé, mais la panique au sommet : tout l’argent que l’on peut prendre prenons-le tout de suite. L’augmentation des dividendes est ainsi un signe de mauvaise santé, d’un manque de confiance.

La situation est comparable, dites-vous, moins à celle de 1929 qu’à la Révolution française. Mais je ne vois pas beaucoup de gens marcher sur la Bastille…

Nous approchons en effet d’un autre 1789, mais la révolte peut prendre d’autres formes : Facebook, les réseaux sociaux. Il n’est pas nécessaire qu’un mécontentement de la population se manifeste dans la rue. Regardez la proposition de Cantona, et les débats qu’elle a suscités. Je travaille aujourd’hui sur la guerre civile numérique.

Il y a des exemples étonnants, comme dans le cas de Wiki- Leaks, qui se voit refuser les services de Paypal et Mastercard. Les hackers anonymes font alors des représailles. Une firme offre alors ses services à Bank of America pour attaquer un soutien de WikiLeaks. Les hackers l’apprennent, attaquent la firme et vident sa base de données. Ce n’est pas nécessaire de prendre la Bastille.

Le changement sera aussi culturel. Il s’agit, dites-vous, de délier revenu et travail, ou liberté individuelle et propriété privée.

Nous sommes en effet peut-être à un tournant aussi important que l’a été le passage du paléolithique au néolithique. Il faut un débat de société. Vous savez, je suis anthropologue de formation, et je suis sensible au fait que si nous possédons les choses, les choses aussi nous possèdent. Je raconte dans mon livre l’histoire de cette femme dans une rue d’Amsterdam, qui est animée du même mouvement qu’une particule, passant d’un côté à l’autre de la rue, littéralement captivée par les vitrines.

Nous sommes mûrs pour ce changement ?

Non. Mais on peut lancer le débat. On peut dire qu’il y a des transactions financières utiles, mais d’autres qui ne le sont pas, et qu’il faut non pas taxer, mais interdire purement et simplement. Il faut interdire tous les paris sur les fluctuations de prix. Alors on me dit : vous voulez faire une nouvelle nuit du 4 août (le 4 août 1789, l’assemblée française, comprenant des aristocrates, a décidé d’abolir les privilèges, NDLR), mais il n’y a plus de gens comme ces aristocrates décrétant la fin des privilèges. Je dis si : regardez Warren Buffett, quand il dit qu’il est choqué par le fait que sa secrétaire paie en proportion davantage d’impôts que lui, ou quand il déclare : oui il y a une lutte des classes, et c’est nous qui l’avons gagnée. Il joue le rôle de ces aristocrates. Et il n’est pas le seul. Mervin King (le gouverneur de la Banque d’Angleterre, NDLR) ou Lord Adair (le patron de la FSA, le gendarme financier britannique, NDLR) ont des propos du même ordre. ■

Propos recueillis par

PIERRE-HENRI THOMAS

No de Billet: 211-11-30-52-1

dimanche 20 mars 2011

La Libye, un pas de plus pour un Nouvel Ordre Mondial

Je publie un excellent texte qui explique les raisons du bombardements des USA-France-Angleterre en Libye

 

Cinq remarques sur l’intervention contre la Libye

Michel COLLON
www.michelcollon.info
dimanche 20 mars 2011


1. Humanitaire, mon œil ! 2. Qui a le droit de « changer un régime » ? 3. Les buts cachés. 4. La « communauté internationale » existe-t-elle ? 5. Apprendre des précédents médiamensonges.

1. Humanitaire, mon œil !

Vous croyez aux raisons humanitaires ? Obama, Cameron et Sarko sauveurs des Libyens alors qu’ils envoient des troupes saoudiennes massacrer les démocrates du Bahrein ? L’Occident soucieux de démocratie alors qu’il protège la répression du dictateur au Yemen ?

Vous croyez que Bernard-Henri Lévy se soucie vraiment de « sauver des Arabes », lui qui applaudissait aux bombardements sur les civils de Gaza ? « Le plus remarquable dans l’affaire, le vrai sujet d’étonnement, ce n’est pas la « brutalité » d’Israël. C’est, à la lettre, sa longue retenue » avait-il affirmé.

2. Qui a le droit de « changer de régime » ?

Le peuple libyen mérite certainement un meilleur leader qu’un dictateur qui a rempli les comptes suisses de toute sa famille. Kadhafi a aussi soutenu quelques dictateurs africains détestés.

D’un autre côté, il a fermement soutenu les Palestiniens et nationalisé le pétrole pour assurer des services sociaux à sa population. Le contraire de Moubarak et Ben Ali. Et c’est pour ça que l’Empire voudrait le remplacer par une parfaite marionnette.

Si demain, les Libyens étaient dirigés par un Chavez ou un Evo Morales, pour une véritable démocratie avec une justice sociale, qui n’applaudirait pas ? Mais si c’est pour le remplacer par des agents US comme Karzaï ou Al-Maliki et plonger ce pays dans le chaos pour des décennies comme l’Irak et l’Afghanistan... Comment appeler ça un progrès ?

Chaque peuple a le droit de se débarrasser de dirigeants qui ne lui conviennent pas, mais ce droit n’appartient pas aux grandes puissances impériales : USA, France et Grande-Bretagne. Celles-ci ne poursuivent que leurs intérêts propres. En fait, les intérêts de leurs multinationales.

3. Les buts cachés

S’il n’y avait pas de pétrole en Libye, jamais l’Occident ne serait intervenu. Il faut quand même rappeler que la plupart des dictateurs africains ont été mis en place et sont protégés par les Etats-Unis ou la France, ou les deux ensemble.

Le véritable but de cette guerre, comme en Irak, c’est de conserver le contrôle du pétrole. A la fois source de profits énormes et instrument de chantage pour contrôler toutes les économies. En fait, les USA n’utilisent pas eux-mêmes le pétrole du Moyen-Orient, mais veulent contrôler l’or noir dans le monde entier. Comme instrument d’hégémonie.

Pour garder ce contrôle, il leur faut absolument sauver Israël. Et pour ça, lui assurer un cordon protecteur de régimes arabes corrompus mais présentant trois qualités :

* Dociles envers Washington
* Conciliants avec Tel-Aviv
* Refusant d’appliquer la volonté de leurs peuples de faire respecter les droits des Palestiniens.

4. La « communauté internationale » existe-t-elle ?

Manipulé par l’argent et les chantages des USA, l’ONU n’est pas démocratique et ne représente pas les peuples. Les grandes puissances (néo)coloniales - USA, France et Grande-Bretagne - prétendent parler au nom de la « communauté internationale ».

Mais leur agression n’est soutenue ni par l’Allemagne, ni par la Russie, ni par la Chine. De plus, le Conseil de l’Europe avait exigé que l’Union africaine donne son acord, pour une intervention en Libye ; or, celle-ci a rejeté l’intervention.

Et toute l’Amérique latine a soutenu l’idée d’une médiation lancée par Hugo Chavez. Pourquoi les Occidentaux ont-ils refusé ? Parce que ce qui les intéressait n’était pas de sauver des gens, mais de s’emparer du pétrole.

En fait, les agresseurs sont une minorité. Comme par hasard, il s’agit des puissances les plus riches et les plus coloniales, et le terme « communauté internationale » est juste un terme de marketing. Car la politique des multinationales (vol des matières premières, surexploitation de la main d’œuvre, destruction de l’agriculture locale et des ressources naturelles, maintien de dictatures, provocation de guerres civiles) maintient dans la pauvreté une grande partie de l’humanité. Les intérêts sont donc entièrement opposés. Parler de « communauté internationale » est donc une imposture politique. Quand les médias reprennent cette expression, ils se rendent complices.

Si un peuple est uni et déterminé contre un dictateur, il trouvera la force de le renverser. Mais s’il s’agit d’une guerre civile (et personne ne nie que Kadhafi a également des soutiens importants), la solution de ce conflit n’est pas dans l’agression par les grandes puissances. Partout où elles sont intervenues (Irak, Afghanistan, Yougoslavie), la situation s’est aggravée. Elles ne poursuivent que leurs intérêts indignes, et s’ils l’emportent, le peuple libyen sera appauvri et plus exploité.

Dans le tiers monde, on comprend tout ceci beaucoup plus facilement. Mais dans les pays riches, non. Pourquoi ?

5. Chaque guerre est précédée d’un grand médiamensonge.

Même dans la gauche européenne, on constate une certaine confusion : intervenir ou pas ? L’argument – massue « Kadhafi bombarde les civils » a pourtant été démenti par des sources occidentales et des sources de l’opposition libyenne. Mais répété des centaines de fois, il finit par s’imposer.

Etes-vous certains de savoir ce qui se passe vraiment en Libye ? Quand l’Empire décide une guerre, l’info qui provient de ses médias est-elle neutre ? N’est-il pas utile de se rappeler que chaque grande guerre a été précédée d’un grand médiamensonge pour faire basculer l’opinion ? Quand les USA ont attaqué le Vietnam, ils ont prétendu que celui-ci avait attaqué deux navires US. Faux, ont-ils reconnu des années plus tard. Quand ils ont attaqué l’Irak, ils ont invoqué le vol des couveuses, la présence d’Al-Qaida, les armes de destruction massive. Tout faux. Quand ils ont bombardé la Yougoslavie, ils ont parlé d’un génocide. Faux également. Quand ils ont envahi l’Afghanistan, ce fut en prétendant qu’il était responsable des attentats du 11 septembre. Bidon aussi.

S’informer est la clé

Il est temps d’apprendre des grands médiamensonges qui ont rendu possibles les guerres précédentes.

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Source : michelcollon.info

No de billet 701-11-30-02-1

mercredi 16 mars 2011

La CIA est partout même au Canada

Ce midi, un papiel ici attire mon attention…

Lorsque l'on parle de la CIA...on parle de l'état dans l'état...Les USA ont un gouvernement officiel..et un autre officieux...la CIA. La CIA est partout... même au Canada...La technologie des drones est utilisé aux USA depuis plus de 20 ans. Ca donne plein d’idée sur ce que la CIA a fait pour les utiliser dans des circonstances remplis d’énigmes dans des interrogations mustérieuses aux dédales abyssales…

Il n’y a pas si longtemps, la CIA infiltrait le PC de Stephen Harper je mettrais ma main au feu qi’ils y sont encore…

Aller lire ces petits billets que j’avais écrit il y a quelques temps…

ici, , encore ici et encore là, mais surtout…ce reportage

J’aimerais avoir vos impressions…

No de billet: 69-11-30-61-1

mercredi 2 mars 2011

LA BRUME CACHANT LES GUERRES SECRÈTES EN AFRIQUE

 

Publié sur le site de l’autrJOurnal

PIERRE PÉAN CHASSE LA BRUME CACHANT LES GUERRES SECRÈTES EN AFRIQUE

02 mars 2011

Robin Philpot

(Pierre Péan s’entretiendra avec Robin Philpot de 13 h à 14 h sur les ondes de CIBL 101,5 le lundi 7 mars –www.cibl1015.com)

Pierre Péan a mis les pieds en Afrique pour la première fois en 1962, dans la foulée des libérations, mais aussi dans la foulée d’une nouvelle sorte de domination qu’on a fini par qualifier de néo-colonialisme, dont le lâche assassinat en 1961 de Patrice Lumumba, libérateur du Congo, est devenu le symbole.

Au moins douze des trente livres que Pierre Péan a publiés depuis ce temps, portent sur l’Afrique et particulièrement sur la politique française en Afrique mais aussi, à un moindre degré, sur celle des autres pays grandes puissances.

Nombreux sont ceux qui le placent parmi les plus grands journalistes d’enquête au monde. Il réunit toutes les qualités de l’écrivain limpide et incisif à celles du journaliste rigoureux et sans complaisance, dont les sources, principalement documentaires, sont toujours fiables, et dont le carnet d’adresse est n’a pas d’égal.

C’est grâce à ce parcours incomparable qu’il a pu s’attaquer à un sujet aussi complexe et périlleux, mais ô combien important, que celui des guerres secrètes que les grandes puissances ont menées en Afrique depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

Carnages, Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique (Fayard, 2010) n’est pas seulement un tour de force par l’ampleur de la matière traitée mais aussi par les révélations sur des événements que l’on pense, souvent à tort, connaître.

Parmi celles-ci, les plus importantes concernent, à notre avis, le rôle d’Israël dans les guerres et les joutes de pouvoir qui ont laissé tant de morts sur le continent.

À titre d’exemple, peu après que le Général de Gaulle a commencé à parler en 1959 de l’autodétermination de l’Algérie, David Ben Gourion, premier ministre d’Israël, a essayé de convaincre de Gaulle, ainsi que tous les fonctionnaires français d’adopter sa solution : la partition de l’Algérie pour faire en sorte qu’il y ait une population française permanente le long de la Méditerranée qui serait alimentée par l’émigration de la France vers l’Algérie d’un million de Français.

Lors de sa deuxième tentative de convaincre de Gaulle, ce dernier lui a répondu : « Ma foi, vous essayez de créer un nouvel Israël en Algérie! » Il faut ajouter qu’Israël voulait être récompensé pour des attentats commis par le Mossad contre des dirigeants du FLN algérien pour le compte de la France.

Cette recherche d’une « profondeur stratégique » de la part de l’État hébreu expliquerait beaucoup son implication dans la politique et les guerres africaines, du Caire au Cap et de Djibouti à Dakar.

C’est sous cet angle qu’il faut regarder les bouleversements au Soudan, le plus grand pays de l’Afrique. Péan cite une conférence d’Avi Dichter, ministre israélien de la Sécurité intérieure, prononcée en Hébreu à l’Institut de sécurité, en septembre 2008.

Traitant du Soudan et de sa région le Darfour, il dit : « Pouquoi cette ingérence? Parce qu’il y a un lien avec la question palestinienne (…) Il est important que le Soudan n’arrive pas à se stabiliser durablement. Important qu’Israël ait maintenu le conflit au Sud-Soudan pendant trois décennies, et qu’il le maintienne maintenant dans l’ouest du Soudan [Darfour]. (…) Il faut jouer sur les conflits ethniques et confessionnels, poursuit Dichter, et prolonger ainsi la profondeur stratégique d’Israël. C’est ce qu’a résumé Gloda Meir quand elle s’est saisie du dossier en 1967. : ‘Il faut affaiblir les pays arabes dans leurs potentialités’ ». Pour y arriver le patron de la Sécurité intérieure, Dichter, propose divers moyens alternés, « tantôt la force, tantôt la diplomatie, tantôt les moyens de la guerre secrète. »

Mais Pierre Péan démontre aussi avec brio que les chefs d’orchestre des guerres secrètes en Afrique depuis plus de 20 ans se trouvent, non pas à Paris, ni à Londres, ni à Jérusalem, malgré leurs intérêts et interventions respectifs, mais à Washington.

Son portrait de Roger Winter, directeur depuis 1980 de la nébuleuse ONGUS Committee For Refugees et homme à tout faire de Washington en Afrique, donne froid dans le dos. Mais surtout il aide à comprendre les terribles guerres, toujours en cours, qui ont mis l’Afrique centrale à sac, de Kampala, en Ouganda, à Kinshasa, au Congo.

Les lecteurs québécois seront très intéressés par les détails fournis sur le rôle du Canada dans ces guerres meurtrières. Comment Jean Chrétien, et son neveu Raymond Chrétien, alors ambassadeur du Canada aux États-Unis ainsi que le général Maurice Baril, ont sacrifié des millions de réfugiés rwandais et de congolais pour satisfaire les visées stratégiques de Washington au Congo.

Bref, ils ont manigancé avec l’administration Clinton pour qu’aucune force d’interposition n’intervienne au Congo (l’ex-Zaïre) en novembre 1996, laissant ainsi la voie libre au Rwanda, soutenu par Washington et Londres, pour envahir ce pays et tuer des centaines de milliers de Rwandais, surtout des femmes en enfants en fuite, ce qui a abouti à la prise du pouvoir à Kinshasa.

Et dans cette guerre, Israël n’est jamais loin. Plusieurs avaient remarqué que le président rwandais Paul Kagamé a visité Israël à l’automne 1996 pour rencontrer le premier ministre Netanyahou peu avant l’invasion de l’ex-Zaïre en novembre 1996.

Pierre Péan explique pourquoi. En fait, Kagamé s’était rendu auparavant à Washington pour préparer l’invasion. Là on lui a conseillé d’aller en Israël pour s’assurer de la neutralité du Mossad (services secrets israéliens) qui s’occupait de la sécurité du président Mobutu de Zaïre.

Les lecteurs québécois seront également intéressés d’apprendre de qui relevait vraiment celui qu’on a érigé en héros international, Roméo Dallaire, au Rwanda au printemps de 1994.

Selon Pierre Péan, « les ‘grandes oreilles’ françaises, basées sur l’île de la Réunion, dans l’océan indien, (lire les services secrets), détectent que le général Dallaire, patron des Casques bleus, envoie ses ordres d’opération, avec demande de directives, non pas à ses supérieurs de l’ONU, à New York, mais au lieutenant Daniel Schroeder, patron américain de l’opération prétendument humanitaire baptisée Support Hope, avec copie au lieutenant-colonel, Jim Anderson, qui est à l’ambassade américaine récemment rouverte à Kigali. Dans les faits, poursuit Péan, Dallaire est passé sous commandement américain, Washington considérant Boutros Boutros-Ghali, le secrétaire général de l’ONU, comme inféodé à la France. »

Carnages, Les guerres secrètes des grandes puissance en Afrique est un livre passionnant, bien écrit et essentiel pour comprendre les 50 dernières années en Afrique mais aussi dans les grandes capitales de l’Europe et de l’Amérique.

Carnages, Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique
Par Pierre Péan
Fayard, 2010
572 pages
$39.95

No de billet 09-11-30-20-1