samedi 1 octobre 2011

Al-Qaida=CIA – Dit moi qui te paye et je te dirai si tu dis vrai???

 

Je reprodAl Qaeda dénonce la position d'Ahmadinejad sur le 11-Septembreuis un excellent papiel publié sur le Réseau Voltaire

RÉSEAU VOLTAIRE | 29 SEPTEMBRE 2011

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Dans sa septième livraison, mise en ligne le 27 septembre 2011, Inspire, le magazine officiel d’Al Qaida en anglais, conspue le président Mahmoud Ahmadinejad parce qu’il a fait siennes nos interrogations sur les attentats du 11 septembre 2001.

Pour Inspire, l’Iran en particulier et les chiites en général conduiraient un jihad superficiel contre les États-Unis et refuseraient de reconnaître le 11-Septembre, comme « la plus vaste opérations spéciale de tous les temps » et comme une victoire d’Al Qaida. C’est pour masquer leur vide qu’ils auraient décidé de relayer les « théories du complot ».

Au passage, le magazine attribue à Al Qaida les attentats de Madrid et de Londres, alors que les tribunaux espagnols et britanniques ont abandonné cette version.

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Le problème est que, bien avant le 11-Septembre, de nombreux auteurs ont montré que la CIA utilisait les jihadistes labellisés Al Qaeda pour combattre l’influence iranienne dans le monde musulman. Ce fut particulièrement le cas lors de la guerre de Bosnie-Herzégovine où la « Légion arabe » d’Oussama Ben Laden fut soutenue par Washington pour repousser les « Gardiens de la Révolution ». On peut donc interpréter la charge d’Inspire comme une inquiétude de ses commanditaires qui, en perdant le mythe du 11-Septembre, diminuent leur capacité à recruter de nouveaux mercenaires pour poursuivre les opérations de déstabilisation en Libye et en Syrie, et observent impuissants l’influence grandissante de Téhéran sur les révolutions arabes.

Inspire est un magazine électronique publié en Pdf depuis mai 2010. Il serait réalisé au Yémen par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA). Il s’adresse prioritairement aux Britanniques et aux États-uniens qui souhaitent rejoindre les combattants de Ben Laden. Il dispose d’adresses courriel yahoo et gmail stables depuis un an et demi permettant à la CIA de surveiller le monde interlope du jihadisme.

Ce magazine a été « découvert » par le Search for International Terrorist Entities (SITE). Il n’existe aucune trace de sa dissémination avant que cet organisme —issu du Mossad israélien— ne le diffuse.

 

No de Billet : 0314-11-01-10-1

jeudi 15 septembre 2011

On vit encore les conséquences du 911

Je reproduis un excellent papiel de Robert Bibeau…sur Vigile.com via un autre site

www.centpapiers.com

Que s’est-il passé le 11 septembre 2001 ?

Après la résistance afghane rien ne sera plus jamais pareil, cette fois l’expression est justifiée

Robert BIBEAU
www.centpapiers.com
jeudi 15 septembre 2011


Depuis une semaine environ, un maelstrom d’informations bidon s’étale au téléjournal et à la une de votre journal. Chaque chaîne télé, chaque poste radio, tous ces journaux propriétés de grands trusts médiatiques et chaque reporter ambitieux à la solde de ces médias obséquieux insistent mordicus pour vous asséner son commentaire insidieux et vous faire partager son emphatique interprétation des événements qui ébranlèrent les puissances impérialistes en septembre 2001.

Cette débauche d’articles dissimule la vérité sur ce qui s’est vraiment passé en ces jours dramatiques. Mais ce n’est pas ce que Thierry Meyssan tente d’élucider depuis tant d’années qui devrait vous préoccuper. Quel intérêt y a-t-il à prouver qu’ils ont dissimulé, caché la vérité, paraphrasé des contes de fées et psalmodié des contre-vérités à propos de ces événements tant décriés (1) ? Tout cela n’a aucun intérêt pour les peuples opprimés.

Ce jour-là, l’Empire a été frappé en plein coeur (New York – Washington – Pentagone) par des hurluberlus venus d’Orient, d’où l’empire avait extradé la misère en rapatriant la plus-value, les immenses profits, les ressources naturelles et les richesses.

L’origine tiers-mondiste des kamikazes ne justifie pas la méthode utilisée mais elle permet de comprendre le motif de cette action anarchique.

Mais ce n’est pas du tout cette action d’éclat qui constitue le tournant et l’événement historique le plus important. Cette interprétation des événements du onze septembre 2001 est l’apanage des médias bourgeois et des États impérialistes clients ou fournisseurs de l’Empire qui voudraient de la sorte tous vous embrigader dans un Requiem funèbre orwellien justifiant la fascisation des États capitalistes, la suspension de l’Habeas corpus, des libertés civiles et de la présomption d’innocence au nom de la lutte contre un terrorisme qu’ils ont eux-mêmes financé – et incubé.

Depuis cette journée fatidique du 11 septembre 2001, mère de toutes les attaques meurtrières, disent-ils, combien d’innocentes victimes, femmes, vieillards, enfants, honnêtes gens sont tombés sous les bombes terroristes des faiseurs de paix et de pseudo démocratie ? Des centaines de milliers, le saviez-vous ? Et des centaines de milliers d’autres ont été blessés soi disant collatéralement, ou ont retrouvé leur résidence bombardée, leur champ miné, ou leur usine saccagée, le saviez-vous ? Dans le tiers-monde essentiellement, voilà pourquoi vous l’ignoriez.

Saviez-vous que depuis 2001 des millions de civils congolais (six millions environ, des noirs il est vrai !) sont morts assassinés – déchiquetés, parfois même dévorés – cannibalisés – dans le fond de la savane africaine à l’abri de la plume indolente et indifférente de nos reporters larmoyant sur la tragédie new-yorkaise (3 500 victimes) ?

Ils ont répété à satiété à la télé qu’après ces événements tragiques plus rien ne serait jamais pareil, que notre monde avait changé à tout jamais. Qu’y a-t-il de plus usuel et familier que les crises économiques successives, les guerres de rapines et de conquêtes en série, la pauvreté et les famines endémiques, les SDF et les sans abris harcelés, les jeunes pourchassés, le chômage et les épidémies, la soif et la faim généralisées dans tout le tiers-monde ? Les soupes populaires et les comptoirs alimentaires trop achalandés, les vieillards maltraités et la misère urbaine dans nos mégalopoles délabrées ? Jamais ce monde du XXIe siècle n’aura autant ressemblé à celui du XXe siècle mais en plus misérable et en plus insécuritaire.

On nous apprenait récemment qu’au XXIe siècle au lieu de compter dix mille organismes super riches concentrant entre leurs mains cupides l’essentiel de la richesse mondiale, ils ne seraient plus que 737 entités à posséder le capital et à diriger nos destinées (2). Aucun changement de fond à l’horizon dans cette information.

Il y a pourtant un aspect qui, lui, a véritablement et radicalement changé la réalité contemporaine. Cet événement survenu à la suite du onze septembre n’a pas eu lieu aux États-Unis mais à cause des États-Unis et de sa mise en oeuvre de représailles guerrières, meurtrières et terroristes.

Jusque-là, si l’on excepte ce que certains ont considéré comme une fausse victoire du peuple vietnamien (Noam Chomsky), il était convenu que les petits peuples, particulièrement ceux du tiers-monde, ne pouvaient résister à la formidable machine de guerre sophistiquée de l’Empire, tout comme il était admis que tout petit pays devait plier l’échine et verser son tribut aux magnats de la finance, à la Banque Mondiale, au FMI et aux trusts impérialistes, dès que le maître de l’Empire leur faisait signe de se soumettre à leur suzerain.

Voilà que le 7 octobre 2001, aux confins de l’Asie, aux limites de la Chine impérialiste et de la Russie capitaliste, un petit peuple sous développé, sans drones ni artillerie lourde, sans avions furtifs ni porte-avions, un peuple armé de son seul courage et de vieux fusils, tenait tête à l’Empire et se préparait à lui infliger une défaite cinglante (3). Après l’invasion afghane dont George W. Bush avait prématurément proclamé la victoire définitive sur un porte-avion désarmé, alors que ses troupes étaient incapables de pacifier ce pays temporairement occupé, le monde ne sera plus jamais le même.

Après la résistance afghane rien ne sera plus jamais pareil, cette fois l’expression est justifiée.

Depuis lors les États-Unis se dirigent vers la faillite budgétaire et aucun peuple n’a été assujetti par la force des armes à l’impérialisme états-unien. Les Ivoiriens poursuivent leur révolte et déstabilisent ce pays néo-colonial français ; les Iraquiens achèvent de chasser le dernier soldat Yankee d’occupation ; l’Empire ne réussit rien de palpable ni en Somalie ni au Pakistan, il y perd même du terrain ; la Syrie et l’Iran n’ont pas été soumis ; le Liban a chassé le gendarme américano-sioniste de ses terres en 2006 ; le peuple gazaouïs ne se soumet pas et résiste ; au Yémen, la partie s’éternise entre l’ancien et le nouveau scélérat candidat à la présidence ; en Libye rien n’est joué et la résistance persiste et s’organise (4) ; même en Égypte et en Tunisie l’Empire n’est pas encore assuré de totalement liquider la révolte populaire avec ses élections bidon pseudos « démocratiques » (5).

Non vraiment rien ne va plus pour l’Empire américain depuis ce jour où de noirs avions ont quitté ses porte-avions d’invasion afin de réprimer un petit peuple qui n’avait rien à voir avec ces attentats macabres du onze septembre. L’Empire avait juste oublié qu’un autre empire s’était quelques années auparavant cassé les dents sur ces farouches afghans.

Les crises économiques, financières, boursières, budgétaires récurrentes, le chômage et la misère humaine, bientôt de nouveaux défauts de paiement, marquent indubitablement ce nouveau millénaire. Rien là qui soit vraiment différent d’auparavant, si ce n’est la succession de défaites militaires américaines. Voilà qui est inédit et terriblement rafraîchissant.

Depuis le 7 octobre 2001 chaque peuple dans le monde a appris que l’impérialisme états-unien n’était pas invincible, que c’était un tigre de papier et un colosse aux pieds d’argile que chacun d’entre eux pouvait battre et chasser de chez-lui en autant qu’il reste uni, déterminé et combatif.

En effet, le monde a bien changé entre le 11 septembre et le 7 octobre 2001  !

(1) http://www.mondialisation.ca/index....
(2) http://www.centpapiers.com/737-mait...
(3) http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_d’Afghanistan_(2001)
(4) http://www.mondialisation.ca/index....
(5) http://www.legrandsoir.info/La-revo...
http://www.centpapiers.com/le-maill...

Source
http://www.centpapiers.com/que-s%e2%80%99est-il-passe-le-11-septembre-2001/8 (...)

No de Billet: 8930-11-90-51-1

mercredi 14 septembre 2011

LA CIA, les plus grands “Pushers” de drogue au monde???

Je reproduis un vieil article de Michel Chossudovsky

Enfumage et propagande officielle: pourquoi Ben Laden devait mourir une fois de plus… »

11 Septembre, traffic de drogue, CIA, ISI (Pakistan), Ben Laden, Afghanistan: barbouzes au service d’intérêts particuliers…

Qui était Oussama Ben Laden: la vérité derrière le 11 Septembre 2001

Par Michel Chossudovsky

Article publié le 12 Septembre 2001 en anglais sur GlobalResearch.ca

À l’occasion de l’annonce officielle de la mort d’Oussama ben Laden , nous publions à nouveau cet article publié pour la première fois sur Global Research le 12 septembre 2001.

Note de l’auteur. Cet article fut rédigé le jour même des attaques. Il fut publié en anglais par Global Research le 12 septembre 2001.

Quelques heures après les attaques terroristes du 11 septembre au World Trade Center et au Pentagone, l’administration Bush concluait, sans preuve à l’appui, qu’Oussama ben Laden et son | Ce qu’est le RSS        organisation, Al-Qaeda, étaient les suspects les plus probables. Le directeur de la CIA, George Tenet, déclarait que ben Laden « a la capacité de planifier plusieurs attaques sans avertissement ». Le secrétaire d’État Colin Powell qualifiait de son côté les attaques à Washington et à New York de « déclaration de guerre », ce que George Bush confirmait dans son discours à la nation le soir même en affirmant qu’il ne « fera aucune distinction entre les terroristes qui ont commis ces actes et ceux qui les ont soutenu ». L’ancien directeur de la CIA James Woolsey insinuait pour sa part la complicité de un ou plusieurs gouvernments étrangers. Et l’ancien conseiller à la sécurité nationale Lawrence Eagelberger déclarait dans une entrevue télévisée: « Je crois que nous allons démontrer que, lorsque nous sommes attaqués de cette façon, nous pouvons réagir d’une manière brutale

avec force et détermination » (« we are terrible in our strength and in our retribution »).

Suite aux déclarations officelles, les médias occidentaux n’ont pas tardé (sans preuves à l’appui) à approuver le déclenchement d’actions punitives contre des cibles civiles au Moyen-Orient et en Asie centrale. William Saffire écrivait à ce propos dans le New York Times : « Lors que nous aurons raisonnablement pu déterminer la localisation des bases et des camps de nos attaquants, nous devrons les pulvériser – en minimisant mais également en acceptant les risques de dommages collatéraux. Nous devrons agir par des opérations [militaires] directes mais également par des actions en sous-main [de nos services de renseignement], afin de déstabiliser les États hôtes de la terreur. »

Le texte ci-dessous a pour object d’analyser l’histoire d’Oussama ben Laden et des liens entre la Jihad islamique et la politique étrangère des États-Unis depuis la Guerre froide.

Le premier suspect des attaques de New-York et Washington, le Saoudien Oussama ben Laden, qui est déjà désigné comme un « terroriste international « par le FBI pour son rôle présumé dans le bombardement d’ambassades étatsuniennes en Afrique, ironiquement fut au point de départ recruté par la CIA pour combattre les Soviétiques durant la guerre soviéto-afghane. 1

En 1979, la « plus grande opération secrète de l’histoire de la CIA » fut lancée en réponse à l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques afin de soutenir le gouvernement pro-communiste de Babrak Kamal. 2

Sous les vifs encouragements de la CIA et des Services secrets pakistanais, qui voulaient transformer la Jihad afghane en une grande guerre menée par tous les pays musulmans contre l’URSS, quelque 35 000 intégristes musulmans en provenance de 40 pays islamiques se joignirent à la lutte en Afghanistan entre 1982 et 1992. D’autres dizaines de milliers vinrent étudier dans les madrasah pakistanais. Avec le temps, plus de 100 000 intégristes musulmans furent directement influencés par la Jihad afghane. 3

La Jihad islamique était appuyée les États-Unis et l’Arabie saoudite, une grande partie du financement provenant du commerce de la drogue dans le Croissant fertile.

En mars 1985, le président Reagan signait la directive de sécurité nationale no 166, qui autorisait une aide militaire secrète aux Mujahideen. Cette initiative démontrait sans équivoque que la guerre secrète ménéee en Afghanistan avait pour objectif de combattre les troupes soviétiques en Afghanistan. La nouvelle aide en sous-main des États-Unis fut marquée par une augmentation substantielle de la quantité d’armes fournies – une aide annuelle régulière équivalente, en 1987, à 65 000 tonnes d’armes -, de même qu’un flot incessant de spécialistes de la CIA et du Pentagone, au quartier général secret des Services de renseignements pakistanais, sur la route principale, près de Rawalpindi, au Pakistan. 4

La CIA, utilisant les services de renseignement pakistanais, jouait un rôle clé dans l’entraînement des Mujahideen. À son tour, la guérilla soutenue par la CIA fut intégrée avec les enseignements de l’Islam :

Les thèmes prédominants étaient que l’Islam est une idéologie socio-politique complète, que l’Islam sacré avait été violé par les troupes soviétiques athées et que le peuple islamique d’Afghanistan devrait réaffirmer son indépendance en se débarrassant du régime socialiste afghan soutenu par Moscou. 5

Le réseau des services de renseignement pakistanais

Les Service de renseignement pakistanais – Inter Service Intelligence (ISI) – furent utilisés comme « intermédiaire ». L’appui de la CIA à la Jihad fut réalisé par l’entremise de la ISI, c’est-à-dire que la CIA ne faisait pas parvenir son appui directement aux Mujahideen. En d’autres mots, afin de garantir le « succès » de ces opérations en sous-main, Washington avait pris soin de ne pas révéler l’objectif ultime de la Jihad, qui consistait à détruire l’Union soviétique.

Selon l’expression de Milton Beardman, de la CIA, cette agence « n’a pas entraîné les Arabes » en tant que tel. Cependant d’après Abdel Monam Saidali, du Centre Al-Aram d’études stratégiques du Caire, ben Laden et les « Arabes afghans » avaient reçu « par l’entremise de la CIA, un entraînement [militaire] très sophistiqué et spécialisé [dans différents champs d'application] ». 6

Beardman confirme néeanmoins qu’Oussama ben Laden n’était pas conscient du rôle qu’il jouait pour Washington : « Ni moi [ben Laden], ni mes frères n’avions pu observer une quelqonque aide américaine. » 7

Motivés par le nationalisme et la ferveur religieuse, les guerriers islamiques n’étaient guère conscients qu’ils se battaient contre l’Union soviétique pour le compte de l’« Oncle Sam ». Alors que des contacts furent établis et entretenus aux échelons supérieurs des services de renseignement, les commandants des rebelles islamiques sur le terrain n’avaient aucun lien direct avec Washington ou la CIA. Avec le soutien de la CIA et l’aide militaire américaine, la Inter Services Intelligence (ISI) pakistanaise s’est rapidement transformée en une « structure parallèle exerçant d’énormes pouvoirs sur tous les aspects de gouvernement ». 8 La ISI possédait un personnel, composé de militaires, d’agents de renseignement, de bureaucrates, d’agents doubles et d’informateurs, estimé à 150 000 personnes. 9

Entre-temps, les opérations de la CIA contribuaient également à renforcer le régime militaire pakistanais dirigé par le général Zia Ul Haq :

Les relations entre la CIA et les Services de renseignement pakistanais sont devenues plus amicales suite au coup d’État contre Bhutto par [le Genéral] Zia et l’installation d’un régime militaire. [...] Durant la plus grande partie de la guerre d’Afghanistan, le Pakistan était encore plus anti-soviétique que les États-Unis. Peu après l’invasion de l’Afghanistan par des militaires soviétiques, en 1980, Zia avait donné ordre au directeur de la ISI de mener des actions en sous-main afin de déstabiliser les républiques soviétiques d’Asie centrale. La CIA n’a approuvé ce plan qu’en 1984. [...] La CIA était encore plus prudente que les Pakistanais. Le Pakistan et les États-Unis choisirent tous deux la supercherie. Des actions diplomatiques de façade furent ménées alors que les services de renseignement [CIA et ISI] s’étaient préalablement entendus qu’une escalade militaire constituait la meilleure solution. 10

Le croissant d’or de la drogue

L’histoire du commerce de la drogue en Asie centrale est intimément liée aux activités secrètes de la CIA. Avant la guerre URSS-Afghanistan, il n’y avait pour ainsi dire presque pas de production locale d’héroïne.11 À cet égard, l’étude d’Alfred McCoy confirme que, durant les premières années des opérations de la CIA en Afghanistan, « les territoires près de la frontière pakistano-afghane devenaient le principal fournisseur d’héroïne pour le marché mondial, répondant à 60 % de la consommation d’héroïne au États Unis. Au Pakistan, le nombre de personnes dépendantes de l’héroïne est passé de près de zéro en 1979 à [...] 1,2 million en 1985 – un accroissement beaucoup plus grand que celui connu par n’importe quel autre pays. » 12

La CIA contrôlait indirectement le commerce de l’héroïne. Lorsque les Mujahideen ont établi leur contrôle sur une partie du territoire afghan, ils ont donné l’ordre aux paysans de cultiver de l’opium en guise de taxe révolutionnaire. De l’autre côté de la frontière, au Pakistan, des leaders afghans et des groupes d’affaires locaux, sous la protection des Services de renseignement (ISI), ont mis sur pied des centaines de laboratoires de production d’héroïne. Durant cette décennie de commerce ouvert de la drogue, la US Drug Enforcement Agency (DEA) à Islamabad s’est trouvé incapable de faire quelque saisie ou arrestation majeure que ce soit. [...] Les autorités étasuniennes ont refusé d’enquêter sur toute charge en rapport avec l’héroïne à l’égard de leurs alliés afghans « parce que la politique des États Unis relative à la lutte contre le narcotraffic en Afghanistan fut largement subordonné à la guerre contre l’Union soviétique ». En 1995, le directeur des opérations de la CIA en Afghanistan, Charles Cogan, avait admis que la CIA avait sacrifié la guerre contre la drogue pour se consacrer à la Guerre froide. «Notre mission principale était d’infliger le plus de dommages possible aux Soviétiques. Nous n’avions pas vraiment les ressources et le temps requis pour enquêter sur le commerce de la drogue. [...] Je ne crois pas que nous ayons à nous excuser de cela. Toute situation à ses inconvénients. [...] Il y a eu un inconvénient au niveau du narcotraffic, oui. Mais l’objectif principal a été atteint. Les Soviétiques ont quitté l’Afghanistan. »13

Au lendemain de la Guerre froide

Au lendemain de la Guerre froide, la région de l’Asie centrale n’est pas seulement stratégique pour ses réserves de pétrole : elle fournit à elle seule les trois quarts de la production mondiale d’opium, ce qui représente un revenu de plusieurs milliards de dollars pour les milieux d’affaires, les institutions financières et bancaires impliquées dans le lavage de l’argent sale, les agences de renseignement et le crime organisé. Le commerce de la drogue dans le croissant d’or rapporte entre 100 et 200 milliards USD par année, soit environ le tiers du chiffre d’affaire annuel du commerce mondial de la drogue (heroïne, cocaine, etc), évalué (sans compter les retombéees dans d’autres secteurs d’activité) par les Nations unies à environ 500 milliards USD. 14

Avec la désintégration de l’URSS, la production de l’opium avait pris un essor considérable. Selon les estimations des Nation unies, la production afghane d’opium en 1998-1999 – dates qui coïncident avec le développement d’insurrections armées dans les anciennes républiques soviétiques – avait atteint un niveau record, avec 4 600 mètres cube de production. 15 De puissants groupes d’affaires de l’ex-URSS alliés avec le crime organisé se font concurrence pour le contrôle stratégique des « routes de l’héroïne ».

Le vaste réseau militaire des Services des renseignement pakistanais ne fut pas démantelé au lendemain de la Guerre froide. Par aillerus, la CIA continuait d’appuyer la Jihad islamique par l’entremise du Pakistan. De nouvelles initiatives secrètes furent lancéees en Asie centrale, dans le Caucase et dans les Balkans. L’appareil militaire ainsi que les Services de renseignement pakistanais ont essentiellement « servi de catalyseur pour la désintégration de l’URSS et l’émergence de six républiques musulmanes en Asie centrale ». 16

En parallèle avec ces actions en sous-main de la CIA, des missionnaires islamiques de la secte Wahhabi d’Arabie saoudite s’étaient installés dans ces républiques, de même qu’à l’intérieur de la Fédération russe, empiétant sur les institutions de l’État et de la sociéte civile. En dépit de leur idéologie « anti-ÉUA », les actions fondamentalistes islamiques ont pourtant servi les intérêts stratégiques de Washington en ex-URSS…

La guerre civile afghane s’est poursuivie suite à la retraite des forces soviétiques en 1989. Les Talibans avaient reçu l’appui des Deobandis pakistanais et de leur parti politique, le Jamiat ul Ulema e Islam (JUI). En 1993, le JUI s`était joint à la coalition du premier ministre Benazzir Bhutto. Des liens furent établis entre le JUI, l’armée et les Services des renseignements. En 1995, avec la chute du gouvernement Hezb i Islami de Hekmatyar, à Kaboul, les Talibans ont non seulement instauré un gouvernement islamique intégriste, mais ont aussi « confié le contrôle des camps d’entraînement afghans à des factions du JUI ». 17

Et le JUI, avec l’appui du mouvement Wahhabi, a joué un rôle majeur dans le recrutement de Mujahideen pour les Balkans et dans l’ex-URSS. Jane Defense Weekly confirme à cet égard que « la moitié des hommes et de l’équipement des Talibans provient des Services des renseignement pakistanais ». 18

En fait, il semblerait que, suite au retrait des troupes soviétiques, les differentes formations armées dans la guerre civile en Afghanistan ont continué à recevoir une aide en sous-main de la CIA par le biais des Services de renseignement pakistanais. 19

En d’autres mots, soutenus par l’ISI pakistanais lui-même contrôlé par la CIA, l’État islamique taliban a grandement servi les intérêts géopolitiques de Washington. Le commerce de la drogue dans le Croissant fertile a également servi à financer et équiper l’Armée musulmane bosniaque, dès le début des années 1990, et l’Armée de libération du Kosovo (UCK). Au cours des derniers mois, des mercenaires Mujahideen combattaient dans les rangs des terroristes de l’UCK impliquée dans la guerre civile en Macédoine. Et il est avéré que l’UCK est non seulement appuyé par l’Otan, mais elle est également en partie financée par la mission des Nations unies au Kosovo.

Cela explique sans l’ombre d’un doute pourquoi Washington a fermé les yeux sur le règne de terreur imposé par les Talibans, impliquant notamment des dérogations flagrantes aux droits des femmes, la fermeture des écoles de filles, le congédiement des employées de la fonction publique et l’imposition de la « loi pénale de la Sharia». 20

La guerre en Tchétchénie

Les principaux leaders rebelles en Tchétchénie, Shamil Basayev et Al Khattab, ont reçu leur formation militaire et idéologique dans des camps d’entrainement financés par la CIA en Afghanistan et au Pakistan. Selon Yossef Bodansky, directeur du US Congress’s Task Force on Terrorism and Unconventional Warfare, la guerre tchétchène fut planifiée durant un réunion secrète de Hizb Allah, tenue en 1996 à Mogadishu, en Somalie. 21

De nombreux cadres supérieurs des Services de renseignement iranienne et pakistanaise, ont participé à cette réunion, à laquelle Oussama bin Laden était également présent. Le rôle de la ISI pakistanaise dans la guerre civile en Tchétchénie « va beaucoup plus loin que l’approvisionnement des Tchétchènes en armes et en expertise : les Service de renseignement pakistanais et ses mandataires islamiques radicaux sont en réalité ceux qui dirigent cette guerre ». 22

Le principal oléoduc russe traverse la Tchétchénie et le Daghestan. N’eut égard aux condamnations de pure forme du terrorisme islamique par Washington, les bénéficiaires indirects de la guerre tchétchène sont les géants pétroliers anglo-américains luttant pour le contrôle des ressources pétrolières et des oléoducs dans le bassin de la mer Caspienne.

Les deux principales armées rebelles tchétchènes (respectivement dirigées par le commandant Shamil Basayev et par l’émir Khattab), estimées à 35 000 hommes, furent financées par les Services des renseignement pakistanais. La ISI a aussi joué un rôle clé dans l’organisation et l’entraînement de l’armée rebelle tchétchène :

[En 1994], les Services des renseignement pakistanais ont organisé pour Basayev et ses lieutenants de confiance un endoctrinement islamique intensif et un entraînement de guérilla dans la province de Khost, en Afghanistan, dans le camp d’Amir Muawia, installé au début des année 1980 par la CIA et les Service de renseignement pakistanais et dirigé par le célèbre seigneur de guerre afghan Gulbuddin Hekmatyar.

En juillet 1994, « diplômé » d’Amir Muawia, Basayev est transféré au camp de Markaz i Dawar, au Pakistan, pour y entreprendre un entraînement en tactiques de guérilla avancées. Au Pakistan, Basayev rencontrait également les plus hauts cadres des forces militaires et des services de renseignement : le ministre de la Défense, le général Aftab Shahban Mirani, le ministre de l’Intérieur, le général Naserullah Babar, et le directeur des Services de renseignement responsable pour l’acheminement de l’appui de la ISI aux causes islamiques, le général Javed Ashraf (tous maintenant à la retraite). Ces liens en haut lieu se montrèrent vite utiles à Basayev. 23

Suite à son entraînement et son endoctrinement, Basayev fut affecté pour mener un campagne militaire contre les troupes fédérales russes lors de la première guerre tchétchène de 1995. Son organisation avait également développé des liens étroits avec les consortiums criminels moscovites et avec le crime organisé albanais et l’UCK. En 1997-1998, selon le Service de la sécurité fédérale russe, « les seigneurs de guerre tchétchènes ont commencé à investir dans l’immobilier au Kosovo [...] par l’intermédiaire de plusieurs firmes immobilières enregistrées en Yougoslavie en guise de couverture ». 24

L’organisation de Basayev fut également impliquée dans bon nombre de trafics, notamment les narcotiques, l’exploitation illégale et les sabotages d’oléoducs russes, le kidnapping, la prostitution, le commerce de faux dollars et la contrebande de matériaux nucléaires. 25 Avec le blanchiment de l’argent de la drogue, les profits de ces activités criminelles furent également utilisés pour financer le recrutement de mercenaires et l’achat d’armes.

Pendant son entraînement en Afghanistan, Shamil Basayev s’est lié avec le commandant vétéran saoudien Mujahideen Al Khattab qui avait combattu en Afghanistan. Quelques mois après le retour de Basayev à Grozny, début 1995, Khattab fut invité à créer une armée installée en Tchétchénie pour l’entraînement de combattants Mujahideen. Selon la BBC, le voyage de Khattab en Tchétchénie fut « planifié grâce à l’appui de la Islamic Relief Organisation (IRO) basée en Arabie saoudite qui avait expédié des fonds en Tchétchénie. La IRO était financée par des mosquées ainsi que des dons de riches individus [associés aux milieux d'affaires saoudiens]. » 26

En conclusion

Depuis l’ère de la Guerre froide, Washington a sciamment soutenu Oussama ben Laden, tout en le plaçant sur la liste des « personnes les plus recherchées par le FBI».

Alors que les Mujahideen sont impliqués dans des insurrection armées pour le compte des États- Unis dans les Balkans et en ex-URSS, le FBI, a pour mandat de mener aux États-Unis de mener une guerre au terrorisme. De toute évidence, il s’agit là non seulement d’actions contradictoires mais d’une politique qui s’avère mensongère à l’endroit des citoyens. Car la CIA depuis la guerre URSS-Afghanistan, appuie le terrorisme international par l’entremise de ses opérations secrètes.

Cruelle ironie, la même Jihad islamique, présentée par l’administration Bush comme « une menace contre l’Amérique » responsable des assauts terroristes contre le World Trade Center et le Pentagone constitue un instrument clé des opérations militaires stratégiques de Washington dans les Balkans et en ex-URSS.

Au lendemain des attaques terroristes de New York et de Washington, la vérité sur les liens entre le gouvernment américain et le terrorisme international doivent être devoilés à l’opinion publique afin d’empêcher l’administration Bush et ses partenaires de l’Otan de se lancer dans une aventure militaire qui menace l’avenir de l’humanité.

Notes

1. Hugh DAVIES., « International: `Informers’ point the finger at bin Laden; Washington on alert for suicide bombers ». The Daily Telegraph, Londres, 24 août 1998.

2. Cf. Fred HALLIDAY. « The Un-great game: the Country that lost the Cold War, Afghanistan ». New Republic, 25 mars 1996.

3. Ahmed RASHID., « The Taliban: Exporting Extremism ». Foreign Affairs, Novembre-décembre 1999.

4. Steve COLL. Washington Post. 19 juillet 1992. 5. Dilip HIRO., « Fallout from the Afghan Jihad ». Inter Press Services, 21 novembre 1995. 6. Eric WEINER et Ted CLARK. Weekend Sunday (NPR). 16 août 1998. 7. Ibid. 8. Dipankar BANERJEE. « Possible Connection of ISI With Drug Industry », India Abroad, 2

décembre 1994. 9. Ibid.

10. Cf. Diego CORDOVEZ et Selig HARRISON. Out of Afghanistan: The Inside Story of the Soviet Withdrawal. Oxford University Press, New York, 1995. Cf. aussi la critique de Cordovez et Harrison. International Press Services. 22 août 1995.

11. Alfred MCCOY. The Progressive, « Drug fallout: the CIA’s Forty Year Complicity in the Narcotics Trade ». 1 août 1997.

12. Ibid. 13. Ibid. 14. Douglas KEH. Drug Money in a changing World, Technical document no 4. Vienne, UNDCP,

1998, p.4. Cf. Report of the International Narcotics Control Board for 1999. E/INCB/1999/1 United Nations Publication, Vienne, 1999, pp.49-51 ; et Richard LAPPER, « UN Fears Growth of Heroin Trade ». Financial Times, 24 février 2000.

15. Report of the International Narcotics Control Board. Op. cit., pp.49-51. Cf. Richard LAPPER. Op. cit.

16. International Press Services. 22 août 1995. 17. Ahmed RASHID. « The Taliban: Exporting Extremism ». Foreign Affairs, Novembre-décembre,

1999, p.22. 18. In « Christian Science Monitor ». 3 septembre 1998. 19. Tim MCGIRK. « Kabul learns to live with its bearded conquerors ». The Independent Londres,

6 novembre 1996. 20. Cf. K. SUBRAHMANYAM., « Pakistan is Pursuing Asian Goals ». India Abroad 3 novembre

1995. 21. Levon SEVUNTS. The Gazette, « Who’s calling the shots? Chechen conflict finds Islamic roots

in Afghanistan and Pakistan ». Montréal, 26 octobre 1999. 22. Ibid.

23. Ibid. 24. Cf. Vitaly ROMANOV et Viktor YADUKHA. Chechen Front Moves To Kosovo Segodnia. Moscou,

23 février 2000. 25. The European. 13 février 1997. Cf. Itar-Tass, 4-5 janvier 2000. 26. BBC. 29 septembre 1999.

Article original en anglais: http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=368

texte original Version française: L’aut’journal, Montréal, octobre 2001

Michel Chossudovsky est directeur du Centre de recherche sur la mondialisation et professeur émérite de sciences économiques à l’Université d’Ottawa. Il est l’auteur de Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre et de la Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial (best-seller international publié en 12 langues).

Cet article a été publié le mai 3, 2011 à 3:19 et est archivé sous 11 septembre, actualité, CIA et traffic de drogue, guerres imperialistes,ingérence et etats-unis, terrorisme d'état avec des tags 11 septembre, CIA Ben Laden, guerre contre le terrorisme, guerres imperialistes. Vous pouvez suivre toutes les réponses à cet article grâce au flux RSS 2.0. Vous pouvez laisser une réponse, ou untrackback depuis votre site.

 

No de Billet: 293-11-90-41-1

dimanche 11 septembre 2011

911 – Version Officielle vs Théorie du Complot???

Je reproduis un texte de Thierry Meyssan PDG du Réseau Voltaire diffusé au Québec par Vigile.com

Les commémorations orwelliennes du 11-Septembre annoncent de nouvelles guerres

Thierry MEYSSAN
www.voltairenet.org
dimanche 11 septembre 2011


Le dixième anniversaire des attentats du 11-Septembre donne lieu à une débauche d’articles, de documentaires et de programmes audio-visuels pour certifier la version bushienne des événements, alors que l’opinion publique mondiale est devenue majoritairement sceptique. Pour Thierry Meyssan, qui est à l’origine du débat mondial sur l’interprétation des attentats, cette écrasante campagne médiatique est l’ultime tentative du système impérial pour préserver son apparente légitimité et justifier ses prochaines guerres.

Il est étrange d’observer la manière dont la presse occidentale célèbre le dixième anniversaire des attentats du 11-Septembre : alors que le sujet pourrait être abordé sous des angles très divers, un mot d’ordre s’est imposé ou a été imposé. Les médias rivalisent en matière de témoignages sur le thème : « Que faisiez-vous ce jour-là, à ce moment-là ? ». Cette approche illustre la volonté collective de ne pas prendre de recul, de ne pas analyser l’événement et ses conséquences, pour se limiter au seul registre de l’émotion instantanée, bref de ne pas faire de journalisme, mais du grand spectacle.

Cette commémoration s’accompagne d’injonctions orwelliennes : « Comment osez-vous douter de la version officielle face à la douleur des familles de victimes ? », ou encore « Ceux qui remettent en cause la version officielle sont des négationnistes ennemis de la démocratie ! ». Or, précisément, le respect des victimes —pas seulement celles qui sont mortes ce jour-là aux États-Unis, mais aussi celles qui sont mortes des conséquences en Afghanistan, en Irak, en Libye et ailleurs— exige que nous cherchions la vérité au lieu de nous contenter de mensonges abracadabrantesques. Et comment pouvons-nous faire vivre la démocratie si nous ne questionnons pas les vérités officielles, pire si nous remplaçons le débat argumenté par l’injure ?

Dés les jours suivants les attentats, à travers une série d’articles, puis dans les mois qui suivirent à travers des livres et des conférences, j’ai contesté la version bushienne de l’événement et j’ai accusé une faction du complexe militaro-industriel US dominée par les Straussiens de l’avoir commandité. Bien qu’initialement solitaire dans ma démarche et bien que conspué par la presse atlantiste, j’ai progressivement mobilisé l’opinion publique internationale, y compris aux États-Unis, jusqu’à ce que mes interrogations fassent irruption l’an dernier à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies. Plus les autorités US ont tenté de me contredire, plus elles se sont contredites elles-mêmes, et plus le doute s’est répandu. Aujourd’hui il est majoritaire.

Comme toujours lorsque le vent tourne, les opportunistes préservent leur avenir en prenant leurs distances avec la version qu’ils ont longtemps défendue et qui prend l’eau de toutes part. Ce fut le cas hier de MM. Kean et Hamilton, les co-présidents de la Commission présidentielle sur les attentats qui se sont désolidarisés de leur propre rapport, c’est aujourd’hui celui de M. Clarck, le conseiller antiterroriste de M. Bush, qui accuse ses collègues de dissimulation. En 10 ans, les autorités états-uniennes et britanniques ont été incapables de produire les preuves qu’elles avaient pourtant promises à l’Assemblée générale des Nations Unies pour justifier de leur action en « légitime défense » en Afghanistan. A contrario, elles ont montré qu’elles avaient un lourd secret à cacher et elles n’ont cessé de multiplier les mensonges pour le masquer. Qui oserait encore prétendre, comme Colin Powell au Conseil de sécurité, que Saddam Hussein est complice du 11-Septembre, ou comme Tony Blair qu’Oussama Ben Laden a commandité les attentats de Londres ?

Durant ces dix années, des experts toujours plus nombreux ont montré les incohérences de la version bushienne, que d’autres experts ont défendue. Si les arguments de ces derniers étaient convaincants, la polémique se serait éteinte. Mais ce débat à ceci de si peu scientifique que le partage entre les experts recoupe une ligne de séparation exclusivement politique. S’ils approuvent l’invasion de l’Afghanistan et le Patriot Act, alors ils affirment que les structures métalliques des Tours jumelles n’ont pas résisté à la chaleur des incendies, que la Tour 7 était trop fragile et qu’un avion s’est désintégré à l’intérieur du Pentagone. Au contraire, s’ils sont horrifiés par l’expansion militaire impériale et par la légitimation de la torture, ils considèrent comme impossible que les Tours jumelles soient les seules au monde à pouvoir s’effondrer ainsi, que la Tour 7 se soit effondrée par mimétisme, et qu’un gros Boeing soit entré dans le Pentagone par une porte cochère sans en abîmer le chambranle.

La version bushienne du 11-Septembre est devenue le dogme central de l’impérialisme. Nous sommes sommés d’y croire comme en une vérité révélée. Faute de quoi nous remettons en cause le Nouvel Ordre Mondial et sommes rejetés comme hérétiques et complices intellectuels du terrorisme.

La ligne de partage se résume ainsi : d’un côté, les élites occidentales ou globalisées s’accrochent à la version officielle, de l’autre la majorité des populations occidentales et le Tiers-monde crient au mensonge.

Le fond du débat n’est pas de savoir comment des individus ne figurant pas sur la listes des passagers embarqués dans un avion peuvent le détourner en vol, ni la manière dont un Boeing peut plier ses ailes pour entrer par une petite porte se cacher dans le Pentagone, mais de savoir si l’Occident a été à partir de ce jour-là la cible d’un complot islamique mondial, ou si une faction US a organisé cet événement pour se lancer impunément à la conquête du monde.

Les philosophes qui étudient l’histoire des sciences assurent que les erreurs scientifiques ne disparaissent pas toujours avec leur réfutation. Il faut parfois attendre la disparition de la génération qui les professait. Ce qui permet à une vérité de remplacer une erreur, c’est qu’avec le temps la vérité conserve un pouvoir explicatif, tandis que l’erreur la perd.

Dès 2001, je concluais mon analyse en mettant en garde face à une généralisation de lois liberticides. Je récusais la présentation d’Al-Qaida comme une organisation terroriste anti-occidentale et affirmait au contraire que c’était un milieu de mercenaires arabes utilisés par la CIA dans différents conflits en Afghanistan contre les Soviétiques, en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo contre les Serbes, et en Tchétchénie contre les Russes, conformément à la stratégie Brzezinski. Enfin, j’annonçais l’imminente invasion de l’Irak et le remodelage du Moyen-Orient voulu par les néoconservateurs pour une fois alliés de Kissinger.

À l’époque, la presse de référence a tourné mes analyses en dérision sur quatre points principaux.
- Le Monde expliquait que les États-Unis n’attaqueraient jamais plus l’Irak car ils avaient déjà réglé le problème avec « Tempête du désert » et que seul mon antiaméricanisme primaire me poussait à envisager le contraire.
- Le Monde Diplomatique enseignait doctement que je ne connaissais rien à la politique US pour imaginer une alliance néocons-Kissinger.
- Le Washington Post nous abreuvait de détails sur le tentaculaire complot islamiste mondial que je refusais de prendre en compte, aveuglé que j’étais par la présence arabe en France.
- Et le New York Times faisait l’éloge du Patriot Act et de la création du département de la Sécurité de la Patrie auquel seul un pacifiste européen imprégné de l’esprit munichois pouvait s’opposer.

Pourtant, 10 ans après, sur les quatre points qui ont été contestés de mon analyse politique, chacun peut constater que j’avais raison et que mes détracteurs avaient tort. Ils cherchent aujourd’hui à se rattraper en concédant haut et fort que l’administration Bush a « utilisé » le 11-Septembre pour imposer son propre agenda. Avec le temps, ils finiront par reconnaître que je ne suis pas un voyant prédisant par hasard un avenir qu’ils ne soupçonnaient pas, mais qu’une analyse politique rigoureuse permettait de comprendre à l’avance que les commanditaires du 11-Septembre entendaient mettre en œuvre cet agenda.

Alors que l’OTAN vient de placer les compagnons de Ben Laden au pouvoir à Tripoli, il est plus que jamais indispensable de comprendre le 11-Septembre pour identifier les réels dangers qui menacent la paix dans le monde et pour y faire face. Comment ne pas voir que les personnalités qui célèbrent avec emphase cet anniversaire soutiendront demain de nouvelles guerres au Proche-Orient et en Afrique du Nord ?

No de Billet: 0483-11-90-11-1

mardi 6 septembre 2011

Al-Qaida=CIA=MadeInUSA= Le 11 septembre 2001????

Je reproduis un excellent papiel publié sur le Réseau Voltaire

Comment les hommes d'Al-Qaida sont arrivés au pouvoir en Libye
par Thierry Meyssan
Le Réseau Voltaire a reçu de nombreux courriers de lecteurs comportant des questions sur Al-Qaida en Libye. Afin de leur répondre, Thierry Meyssan a rassemblé les principaux éléments connus de ce dossier. Ces faits confirment son analyse, développée depuis le 11-Septembre, selon laquelle Al-Qaida est un milieu de mercenaires utilisé par les États-Unis pour combattre en Afghanistan, en Bosnie-Herzégovine, en Tchétchénie, au Kosovo, en Irak, et maintenant en Libye, en Syrie et au Yémen.
RÉSEAU VOLTAIRE | BEYROUTH (LIBAN) | 6 SEPTEMBRE 2011
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Chef historique d’Al-Qaida en Libye, Abdelhakim Belhadj, est devenu gouverneur militaire de Tripoli « libérée » et a été chargé d’organiser l’armée de la « nouvelle Libye ».
Dans les années 80, la CIA incite Awatha al-Zuwawi à créer une officine en Libye pour recruter des mercenaires et les envoyer au jihad en Afghanistan contre les Soviétiques. À partir de 1986 les recrues libyennes sont formées au camp de Salman al-Farisi (Pakistan), sous l’autorité du milliardaire anti-communiste Oussama Ben Laden.
Lorsque Ben Laden se déplace au Soudan, les jihadistes libyens l’y suivent. Ils y sont regroupés dans leur propre compound. À partir de 1994, Oussama Ben Laden dépêche des jihadistes libyens dans leur pays pour tuer Mouammar Kadhafi et renverser la Jamahiriya populaire et socialiste.
Le 18 octobre 1995, le groupe se structure sous la dénomination Groupe islamique combattant en Libye (GICL). Durant les trois années qui suivent, le GICL tente par quatre fois d’assassiner Mouammar Kadhafi et d’instaurer une guérilla dans les montagnes du Sud. À la suite de ces opérations, l’armée libyenne —sous le commandement du général Abdel Fattah Younés— mène une campagne d’éradication de la guérilla, et la Justice libyenne lance un mandat d’arrêt contre Oussama Ben Laden, diffusé à partir de 1998 par Interpol.
Selon l’agent du contrespionnage britannique David Shayler, le dévelopment du GICL et la première tentative d’assassinat de Mouammar Kadhafi par Al-Qaida sont financés à hauteur de 100 000 livres par le MI6 britannique [1].
À l’époque, la Libye est le seul État au monde à rechercher Oussama Ben Laden, lequel dispose encore officiellement de soutiens politiques aux États-Unis bien qu’il se soit opposé à l’opération « Tempête du désert ».
Sous la pression de Tripoli, Hassan el-Tourabi expulse les jihadistes libyens du Soudan. Ils déménagent leurs infrastructures en Afghanistan où ils installent le camp de Shaheed Shaykh Abu Yahya (juste au nord de Kaboul). Cette installation fonctionne jusqu’à l’été 2001, lorsque les négociations de Berlin entre les États-Unis et les Talibans à propos du pipe-line transafghan échouent. À ce moment-là, le mollah Omar, qui se prépare à l’invasion anglo-saxonne, exige que le camp passe sous son contrôle direct.
Le 6 octobre 2001 le GICL est inscrit sur la liste établie par le Comité d’application de la résolution 1267 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il y figure toujours. Le 8 décembre 2004, le GICL est inscrit sur la liste des organisations terroristes établie par le département d’État des États-Unis. Il y figure toujours. Le 10 octobre 2005, le ministère britannique de l’Intérieur interdit le GICL sur son territoire. Cette mesure est toujours valide. Le 7 février 2006, le Comité des Nations Unies prend des sanctions à l’égard de 5 membres du GICL et de 4 sociétés qui leurs sont liées, qui continuent impunément à opérer sur le territoire du Royaume-Uni sous protection du MI6.
Durant la « Guerre contre la terreur », la mouvance jihadiste s’organise. L’expression « Al-Qaida », qui désignait au départ une vaste base de données dans laquelle Oussama Ben Laden choisissait les mercenaires dont il avait besoin pour des missions ponctuelles, devient progressivement un groupuscule. Sa taille diminue au fur et à mesure de sa structuration.
Le 6 mars 2004, le nouveau chef du GICL, Abdelhakim Belhadj, qui s’est battu en Afghanistan aux côtés d’Oussama Ben Laden [2] et en Irak, est arrêté en Malaisie, puis transféré dans une prison secrète de la CIA en Thaïlande où il est soumis au sérum de vérité et torturé. À la suite d’un accord entre les États-Unis et la Libye, il est renvoyé en Libye où il est torturé, mais par des agents britanniques cette fois, à la prison d’Abou Salim.
Le 26 juin 2005, les services secrets occidentaux organisent à Londres une rencontre d’opposants libyens. Ils constituent la « Conférence nationale de l’opposition libyenne » en unissant trois factions islamiques : les Frères musulmans, la confrérie des Sénoussi, et le GICL. Leur manifeste fixe trois objectifs :
- renverser Mouammar Kadhafi ;
- exercer le pouvoir pour un an (sous le nom de « Conseil national de transition ») ;
- rétablir la monarchie constitutionnelle dans sa forme de 1951 et faire de l’islam la religion d’État.
En juillet 2005, Abu al-Laith al-Liby parvient contre toute vraisemblance à s’échapper de la prison de haute sécurité de Bagram (Afghanistan) et devient l’un des chefs d’Al-Qaida. Il appelle les jihadistes du GICL qui ne l’ont pas encore fait à rejoindre Al-Qaida en Irak. Les Libyens deviennent majoritaires parmi les kamikazes d’Al-Qaida en Irak [3]. En février 2007, al-Liby conduit une attaque spectaculaire contre la base de Bagram alors que le vice-président Dick Cheney s’apprête à la visiter. En novembre 2007, Ayman al-Zawahiri et Abu al-Laith al-Liby annoncent la fusion du GICL avec Al-Qaida.
Abu al-Laith al-Liby devient l’adjoint d’Ayman al-Zawahiri, et à ce titre le numéro 2 d’Al-Qaida puisque l’on est sans nouvelles d’Oussama Ben Laden. Il est tué par un drone de la CIA au Waziristan, fin janvier 2008.
Durant la période 2008-2010, Saif el-Islam Kadhafi négocie une trêve entre la Jamahiriya et le GICL. Celui-ci publie un long document, Les Etudes correctrices, dans lequel il admet avoir commis une erreur en appelant au jihad contre des coreligionnaires dans un pays musulman. En trois vagues successives, tous les membres d’Al-Qaida sont amnistiés et libérés à la seule condition qu’ils renoncent par écrit à la violence. Sur 1 800 jihadistes, plus d’une centaine refuse cet accord et préfère rester en prison.
Dès sa libération, Abdelhakim Belhadj quitte la Libye et s’installe au Qatar.
Début 2011, le prince Bandar Bin Sultan entreprend une série de voyages pour relancer Al-Qaida en élargissant son recrutement, jusqu’ici presque exclusivement arabe, aux musulmans d’Asie centrale et du Sud-Est. Des bureaux de recrutement sont ouverts jusqu’en Malaisie [4]. Le meilleur résultat est obtenu à Mazar-i-Sharif, où plus de 1 500 Afghans s’engagent pour le jihad en Libye, en Syrie et au Yémen [5]. En quelques semaines, Al-Qaida, qui n’était plus qu’un groupuscule moribond, peut aligner plus de 10 000 hommes. Ce recrutement est d’autant plus facile que les jihadistes sont les mercenaires les moins chers du marché.
Le 17 février 2011, la « Conférence nationale de l’opposition libyenne » organise la « journée de la colère » à Benghazi, qui marque le début de la guerre.
Le 23 février, l’imam Abdelkarim Al-Hasadi proclame la création d’un Émirat islamique à Derna, la ville la plus intégriste de Libye dont sont originaires la majorité des jihadistes devenus kamikazes d’Al-Qaida en Irak. Al-Hasadi est un membre du GICL de longue date qui a été torturé par les États-Unis à Guantanamo [6]. La burqa devient obligatoire et les châtiments corporels sont rétablis. L’émir Al-Hasidi organise sa propre armée, qui débute avec quelques dizaines de jihadistes et en regroupe bientôt plus d’un millier.
Le général Carter Ham, commandant de l’Africom, chargé de coordonner l’opération alliée en Libye, exprime ses interrogations quant à la présence parmi les rebelles qu’on lui demande de défendre des jihadistes d’Al-Qaida qui ont tué des GI’s en Afghanistan et en Irak. Il est relevé de sa mission qui est transmise à l’OTAN.
Un peu partout en Cyrénaïque « libérée », les hommes d’Al-Qaida sèment la terreur, pratiquant massacres et tortures. Ils se font une spécialité d’égorger les kadhafistes et de leur arracher un œil, et de couper les seins des femmes impudiques. L’avocat de la Jamahiriya, Me Marcel Ceccaldi, accuse l’OTAN de « complicité de crimes de guerre ».
Le 1er mai 2011, Barack Obama annonce qu’à Abbottabad (Pakistan), le commando 6 des Navy Seals a éliminé Oussama Ben Laden dont on était sans nouvelles crédibles depuis presque 10 ans. Cette annonce permet de clore le dossier Al-Qaida et de relooker les jihadistes pour en refaire des alliés des États-Unis comme au bon vieux temps des guerres d’Afghanistan, de Bosnie-Herzégovine, de Tchétchénie et du Kosovo [7]. Le 6 août, tous les membres du commando 6 des Navy Seals meurent dans la chute de leur hélicoptère.
Abdelhakim Belhadj revient dans son pays dans un avion militaire qatariote au début de l’intervention de l’OTAN. Il prend le commandement des hommes d’Al-Qaida dans les montagnes du Djebel Néfoussa. Selon le fils du général Abdel Fattah Younés, c’est lui qui commandite le 28 juillet 2011 l’assassinat de son vieil ennemi qui était devenu le chef militaire du Conseil national de transition. Après la chute de Tripoli, Abdelhakim Belhadj ouvre les portes de la prison d’Abou Salim et libère les derniers jihadistes d’Al-Qaida qui y étaient détenus. Il est nommé gouverneur militaire de Tripoli. Il exige des excuses de la CIA et du MI6 pour le traitement qu’ils lui ont fait subir par le passé [8]. Le Conseil national de transition lui confie la charge de former l’armée de la Libye nouvelle.
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[2] « Libya’s Powerful Islamist Leader », par Babak Dehghanpisheh,The Daily Beast, 2 septembre 2011.
[3] « Ennemis de l’OTAN en Irak et en Afghanistan, alliés en Libye », par Webster G. Tarpley, Réseau Voltaire, 21 mai 2011.
[4] « La Contre-révolution au Proche-Orient », par Thierry Meyssan,Réseau Voltaire, 11 mai 2011.
[5] « CIA recruits 1,500 from Mazar-e-Sharif to fight in Libya », par Azhar Masood, The Nation (Pakistan), 31 août 2011.
[6] « Noi ribelli, islamici e tolleranti », reportage de Roberto Bongiorni, Il Sole 24 Ore, 22 mars 2011.
[7] « Réflexions sur l’annonce officielle de la mort d’Oussama Ben Laden », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 4 mai 2011.
[8] « Libyan commander demands apology over MI6 and CIA plot », par Martin Chulov, Nick Hopkins et Richard Norton-Taylor, The Guardian, 4 septembre 2011.
No de billet: 0273-11-90-50-1

vendredi 26 août 2011

La désinformation Made in USA en Libye

Voici une reproduction d’un papi-el sur le Réseau Voltaire

ENTRETIEN AVEC THIERRY MEYSSAN DIMANCHE 21 AOÛT 2011

par Silvia Cattori

En pleine attaque de l’OTAN sur Tripoli, Silvia Cattori a pu s’entretenir avec Thierry Meyssan, dimanche 21 août 2011 à 23 heures. Le président du Réseau Voltaire a aussi pu s’exprimer par vidéo à 2 heures du matin. Les communications sont depuis lors extrêmement difficiles. Alors, que l’OTAN, le CNT et les médias qui les soutiennent parlaient déjà de la chute de Tipoli, la situation semble avoir radicalement changé. Le dernier message de Thierry Meyssan, daté de 4h30 ce mardi 23 août, parle de grande « victoire » des loyalistes. Selon lui, les assaillants ont été écrasés, « des missiles sol-air ont été apportés en ville », tandis que « l’OTAN a du stopper les bombardements ». « Saïf al-Islam que l’on assurait arrêté a surgit du Rixos et a été acclamé par la foule à Bab Al Azizia. » La réalité paraît une nouvelle fois très éloignée de sa représentation médiatique.

RÉSEAU VOLTAIRE | 23 AOÛT 2011

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Thierry Meyssan s’exprimant dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 août 2011 depuis Tripoli.

Silvia Cattori : D’ici on a le sentiment que Tripoli est en train de s’effondrer. Quel est votre avis ?

Thierry Meyssan : Nous sommes enfermés dans l’hôtel Rixos. On ne peut pas dire si tout va s’effondrer ou pas. Mais la situation est très tendue. Hier soir, au moment de la prière, plusieurs grandes mosquées ont été verrouillées. Tout de suite après des haut-parleurs ont lancé l’appel à l’insurrection. À ce moment là des groupes armés ont commencé à sillonner la ville et à tirer dans tous les sens. Nous avons appris que l’OTAN a amené un bateau, juste à proximité de Tripoli, d’où ont été débarquées des armes et des Forces spéciales. Depuis les choses vont de pire en pire.

Silvia Cattori : S’agit-il là de « Forces spéciales » étrangères ?

Thierry Meyssan : On peut le supposer. Mais je ne suis pas en mesure de le vérifier. Même si ces « Forces spéciales » sont formées de Libyens tout leur encadrement est étranger.

Silvia Cattori : Quelle est la nationalité de ces « Forces spéciales » ?

Thierry Meyssan : Ce sont des Français et des Britanniques ! Depuis le début, c’est eux qui font tout.

Silvia Cattori : Comment tout a-t-il soudain basculé ?

Thierry Meyssan : Le 21 août, en fin de journée, un convoi de voitures avec des officiels a été subitement attaqué. Pour se mettre à l’abri des bombardements les membres de ce cortège se sont réfugiés dans l’hôtel Rixos, où réside la presse internationale, et où par hasard je me trouve.

Depuis ce moment là l’hôtel Rixos est encerclé. Tout le monde porte des gilets pare-balles et des casques. On entend tirer dans tous les sens à l’entour de l’hôtel.

Les forces rentrées dans Tripoli depuis hier elles n’ont pris aucun bâtiment en particulier ; elles ont attaqué des cibles à certains endroits en se déplaçant. Il n’y à en ce moment aucun bâtiment occupé. L’OTAN bombarde de manière aléatoire pour terroriser toujours davantage. Difficile de dire si le danger est si important qu’il y paraît. Les rues de la ville sont vides. Tout le monde reste enfermé chez soi.

Nous, on est prisonniers dans l’hôtel. Cela dit on a l’électricité, l’eau, nous ne sommes pas à plaindre. Les Libyens oui. Il y a des tirs maintenant alentour, une intense bataille ; il y a déjà eu de nombreux morts et blessés en quelques heures. Mais, nous, on est préservés. Nous sommes tous regroupés dans la mosquée de l’hôtel. Vous entendez des tirs en ce moment.

Silvia Cattori : Combien d’assaillants encerclent en ce moment votre hotel ?

Thierry Meyssan : Je suis incapable de vous le dire. C’est un périmètre qui est assez grand parce qu’il y a un parc tout autour de l’hôtel. Je pense que s’il n’y avait que les assaillants ce ne serait pas si simple de prendre Tripoli. Mais s’il y a d’autres troupes de l’OTAN avec eux oui, ça change tout, le danger devient grand.

Silvia Cattori : Sur les images diffusées par les télévisions ici ce que l’on a vu au cours de ces six mois ce sont des excités qui tirent en l’air, et qui ne paraissent pas des professionnels…

Thierry Meyssan : On a vu en effet des bandes qui s’agitent et qui ne sont pas militairement formées. C’est de la pure mise en scène, ce n’est pas de la réalité. La réalité est que tous les combats sont menés par l’OTAN ; et quand leur objectif est terminé les troupes de l’OTAN se retirent. Alors de petits groupes arrivent - on voit à chaque fois une vingtaine de personnes - mais on ne les voit jamais en action en réalité. L’action ce sont les forces de l’OTAN.

C’est ainsi que cela s’est toujours passé dans les villes qui ont été prises, perdues, reprises, reperdues, etc. À chaque fois ce sont les Forces de l’OTAN qui arrivent avec des hélicoptères Apaches et mitraillent tout le monde. Personne ne peut résister, au sol, face à des hélicoptères Apaches qui bombardent ; c’est impossible. Donc ce ne sont pas les rebelles qui font le travail militaire, c’est de la blague ça ! C’est l’OTAN qui fait tout. Après ils se retirent, puis « les rebelles » viennent qui font de la figuration. C’est cela que vous voyez diffusé en boucle.

Silvia Cattori : Sait-on combien de « rebelles » en armes sont entrés dans Tripoli cette nuit ? Et si des cellules dormantes étaient déjà là ?

Thierry Meyssan : Forcément, oui, il y a des cellules dormantes dans Tripoli ; c’est une ville d’un million et demi d’habitants. Qu’il y ait des cellules combattantes à l’intérieur c’est tout-à-fait probable. Quant aux assaillants, encore une fois, je ne sais pas quelle est la proportion de l’encadrement par les forces l’OTAN. La vraie question est de savoir combien de Forces spéciales ils ont déjà déployées.

Il y a maintenant les forces militaires du colonel Kadhafi dans la ville. Elles sont arrivées assez tardivement depuis l’extérieur. Les assaillants encerclent l’hôtel. Je pense qu’il est impossible cette nuit de tenter un assaut contre l’hôtel.

Silvia Cattori : La panique a-t-elle gagné les gens qui résident à l’hôtel ?

Thierry Meyssan : Oui les journalistes résidant ici à l’hôtel Rixos sont complètement paniqués. C’est une panique générale.

Silvia Cattori : Et vous comment vous sentez-vous ?

Thierry Meyssan : Moi j’essaie de rester zen dans ces situations !

Silvia Cattori : Combien de journalistes étrangers sont-ils retranchés dans l’hôtel ?

Thierry Meyssan : Je dirais entre 40 et 50.

Silvia Cattori : Les gens ignorent que, là où il y a des journalistes qui couvrent la guerre, il y a toujours bon nombre d’entre eux qui font du renseignement, qui sont des agents doubles, des espions

Thierry Meyssan : Il y a des espions partout ; mais je pense qu’ils ne savent pas tout.

Silvia Cattori : On dit ici que le plan pour évacuer les étrangers est prêt. Ils vont donc pouvoir sortir…

Thierry Meyssan : L’Organisation internationale pour les migrations a un bateau qui est prêt à accoster dans le port de Tripoli pour évacuer les étrangers, notamment la presse, prioritaire, dans ces cas là.

Silvia Cattori : Et vous que comptez-vous faire ?

Thierry Meyssan : Pour le moment ce bateau est toujours au large ; il n’est pas rentré dans le port. C’est l’OTAN qui l’empêche d’accoster. Quand l’OTAN l’autorisera l’évacuation se fera.

Silvia Cattori : Cette évolution vous surprend-elle ?

Thierry Meyssan : Les choses se sont accélérées quand le bateau de l’OTAN est arrivé. Si ce sont des combattants appartenant aux Forces spéciales de l’OTAN qui sont ici au sol c’est évident que tout peut tomber rapidement…

Silvia Cattori : Les citadins sont-ils tous munis de fusils comme on l’a dit ?

Thierry Meyssan : Le gouvernement a distribué presque deux millions de kalachnikovs dans le pays pour assurer la défense face à une invasion étrangère. Dans Tripoli, tous les citoyens adultes ont reçu une arme et des munitions. Il y a eu un entraînement ces derniers mois.

Silvia Cattori : Les Libyens qui le voudraient ne sont donc pas en mesure de sortir manifester contre les forces de l’OTAN ?

Thierry Meyssan : Là les gens sont paralysés par la peur ; on tire de partout ; et en plus on bombarde.

Silvia Cattori : Votre position n’est pas facile. Parmi les journalistes vous devez avoir des ennemis qui veulent votre peau pour avoir contredit leurs versions des faits !

Thierry Meyssan : Oui. Déjà je suis menacé par des « journalistes » US qui ont dit qu’ils vont me tuer. Mais ensuite ils ont présenté leurs excuses… Je n’ai aucun doute sur leur intention.

Silvia Cattori : L’ont-ils proférée cette menace devant témoin ?

Thierry Meyssan : Oui en présence de [...].

Cet entretien a été réalisé par Silvia Cattori le dimanche 21 août 2011, à 23 heures. Il a été retranscrit par les soins de Marie-Ange Patrizio.

Silvia Cattori

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Vidéo de Thierry Meyssan parlant depuis l’hôtel Rixos dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 août 2011
Entretien téléphonique de Thierry Meyssan avec la télévision Russia Today, lundi 22 août 2011

No de Billet: 953-11-80-62-1

vendredi 19 août 2011

Une explication à la décote de la dette des USA???

Je reproduis ici un papi-el en provenance du site Argent

La justice américaine enquêterait sur S&P et Moody's

19 août 2011 | 08h26

Reuters

Le département de la Justice américain mène une enquête au sujet des avis que portait Standard & Poor's sur des actifs adossés à des prêts immobiliers dont l'effondrement a conduit à la crise financière de 2008-2009, a dit jeudi soir une source proche du dossier.

Cette enquête - qui selon la source essaie de faire la distinction entre ce que les analystes de S&P voulaient faire et ce qu'on leur a dit de faire - a été lancée avant que l'agence de notation ne déclasse les Etats-Unis en début de mois.

Le département de la Justice a également mené une enquête sur Moody's, l'une de deux principales concurrentes de S&P, concernant les notes qu'elle avait assignées à des produits structurés au cours de la crise, a dit une autre source.

Sollicité par Reuters par téléphone et par e-mail, un porte-parole de Moody's n'a pas pu être joint dans l'immédiat.

La Securities & Exchange Commission (SEC), le gendarme des marchés financiers américains, a également ouvert une enquête sur l'éventuel rôle de S&P, une division de McGraw-Hill, dans la crise, a dit la première source.

Des représentants de la SEC et du département de la Justice se sont refusés à tout commentaire.

Le «New York Times» avait le premier rapporté que l'enquête sur S&P portait principalement sur le fait de savoir si l'agence avait attribué des notes biaisées à des dizaines d'actifs adossés à des crédits immobiliers avant que la crise financière n'éclate en 2008.

Le département de la Justice s'est intéressé à des cas où des analystes de S&P voulaient assigner des notes à certains de ces actifs avant de se voir contredire par des dirigeants de l'agence, poursuit le quotidien.

Un porte-parole de S&P a souligné que parmi les principes guidant l'action de l'agence figuraient notamment "l'indépendance analytique et l'objectivité", précisant que l'entreprise avaient pris des mesures pour renforcer l'application de ces principes.

"Au cours des dernières années, S&P a reçu plusieurs requêtes de différentes instances gouvernementales au sujet des actifs adossés à des crédits immobiliers américains. Nous avons coopéré et continuerons de le faire", a précisé le porte-parole.

Il est pour l'instant difficile de savoir si Fitch (groupe Fimalac), troisième grande agence de notation, fait également l'objet d'une enquête du département de la Justice.

Ni Fitch ni Moody's n'ont abaissé leur note sur les Etats-Unis.

No de Billet 0443-11-80-91-1

mercredi 17 août 2011

Pas de doute, Les USA sont dans la merde $$$$$$

Voici une reproduction d’un intéressant texte de Thierry Meyssan publié sur Vigile et sur le Réseau Voltaire

LA MAIN DANS LE SAC

Washingtonn tente de voler 1,5 milliard de dollars pour payer ses salariés du CNT

Thierry MEYSSAN
www.voltairenet.org
mardi 16 août 2011


Les États-Unis ont tenté de s’emparer lundi dernier d’1 500 000 000 de dollars appartenant à l’État libyen, mais en ont été empêchés in extremis par l’Afrique du Sud. Les documents produits lors de cet épisode, et que révèle le Réseau Voltaire, attestent que les membres du CNT et leurs fonctionnaires sont directement salariés par un organe US.

Mardi 9 août 2011, Sana Khan, secrétaire du Comité des sanctions mis en place par la résolution 1970 du Conseil de sécurité, a transmis aux membres du Comité un avis émanant de l’ambassadrice Susan Rice, représentante permanente des États-Unis à l’ONU.

Dans cette missive, dont le Réseau Voltaire s’est procuré une copie [document téléchargeable au bas de cette page], Washington informe le Comité de son intention de dégeler 1 500 000 000 de dollars appartenant à la Banque centrale de Libye, à l’Autorité libyenne d’investissement, à la Banque étrangère de Libye, au Portefeuille d’investissement libyen en Afrique et à la Compagnie nationale libyenne du pétrole.

Arguant que ce dégel est légal lorsque les fonds sont destinés à des fins humanitaires ou civiles (article 19 de la Résolution 1970 [1]), Washington indique qu’il affectera unilatéralement cette somme comme suit :

- 500 000 000 de dollars à des organisations humanitaires de son choix « pour répondre aux besoins humanitaires actuels et à ceux que l’on peut anticiper, dans la ligne de l’appel des Nations Unies et de ses mises à jour prévisibles » ;

- 500 000 000 de dollars à « des sociétés d’approvisionnement en fuel et en biens humanitaires nécessaires » ;

- 500 000 000 de dollars au Temporary Financial Mechanism (TFM) pour « payer les salaires et les dépenses de fonctionnement des fonctionnaires libyens, des dépenses alimentaires, de l’électricité et d’autres achats humanitaires ». Sur cette somme, 100 000 000 de dollars seront provisionnées afin d’être ultérieurement affectés aux besoins humanitaires des Libyens dans les zones non contrôlées par le Conseil de transition nationale (CNT) lorsque celui-ci aura établi « un mécanisme crédible, transparent et effectif » pour les leur transmettre.

En clair, les États-Unis ont informé le Comité des sanctions de leur intention de s’emparer 1,5 milliard de dollars qu’ils attribueraient pour un tiers à leurs propres services humanitaires (USAID…), pour un second tiers à leurs propres multinationales (Exxon, Halliburton etc.), et pour le restant au TFM, un bureau du LIEM, lequel n’est qu’un organe officieux créé par Washington et avalisé par le Groupe de contact pour administrer la Libye [2].

Washington a fait savoir qu’il considérerait avoir l’accord tacite du Comité des sanctions dans les cinq jours suivant la réception de sa notification.

Malheureusement, la Libye ne pouvait pas s’opposer à ce vol, car elle n’est pas représentée à ce Comité. En effet, son ancien ambassadeur a fait défection, et —en violation de l’Accord de siège— le Département d’État n’a toujours pas délivré de visa à son nouvel ambassadeur.

Washington entendait bien profiter de cette absence forcée pour s’emparer du butin. Au demeurant, la France a déjà ouvert une brèche en volant 128 millions de dollars dans les mêmes conditions.

C’est en définitive le représentant permanent de l’Afrique du Sud, l’ambassadeur Baso Sangqu, qui a fait obstacle à la manœuvre.

Outre la rapacité des États-Unis, cet invraisemblable épisode confirme que l’auto-proclamée « Libye libre » de Benghazi et Misrata n’est pas gouvernée par le Conseil national de transition (CNT). Celui-ci n’est qu’une façade, au demeurant fort lézardée. L’Est de la Libye, contrôlé par l’OTAN, est administré par le Libyan Information Exchange Mechanism (LIEM), un organe informel, sans personnalité juridique, mis en place à Naples par les seuls États-Unis, même si certains de ses employés sont des Italiens.

Les fonds que l’on présente comme attribués au CNT sont en réalités remis au LIEM qui les utilise pour salarier les membres du CNT et leurs fonctionnaires. La différence est de taille : le Conseil national de transition n’a pas de politique propre, il se contente d’exécuter la politique des États-Unis. Et c’est bien normal lorsque l’on sait que le CNT n’a pas été formé lors des événements de Benghazi, mais plusieurs années avant à Londres comme un gouvernement provisoire en exil.

Par conséquent, l’action militaire des États-Unis et de leurs alliés de l’OTAN ou du Conseil de coopération du Golfe n’a pas pour objectif de mettre en œuvre la protection des civils prévue par la résolution 1973, et encore moins la « libération des Libyens », mais bien la colonisation du pays.

***

[1] « Résolution 1970 sur la Libye », Réseau Voltaire, 26 février 2011.

[2] « Libye : Washington prépare sa revanche », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 21 juillet 2011.

***

Thierry Meyssan Intellectuel français, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Il publie des analyses de politique étrangère dans la presse arabe, latino-américaine et russe. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007).

Source
http://www.voltairenet.org/Washington-tente-de-voler-1-5

No de billet: 0143-11-80-71-1